La montée de l’extrême-droite fasciste dans toute l’Europe prend une tournure extrêmement inquiétante. En Italie et en Autriche, des fascistes sont au gouvernement. Ailleurs, ils se tiennent en embuscade. En France, un parti fédère les fascistes depuis plus de 40 ans : le FN. Dans le sillage des politiques néolibérales et racistes et des succès électoraux des fascistes, l’émergence de groupuscules criminels ultra-violents comme le « Bastion Social » représente un danger mortel pour notre classe.
Fermer tous les locaux fascistes !
A Strasbourg, le 7 mai 2017, au soir du second tour des présidentielles, une vingtaine de fascistes issus du GUD attaquaient une manifestation « Ni Le Pen, Ni Macron » à coups de mortiers, de tasers et de bâtons. En l’espace de quelques mois, des locaux fascistes estampillés « Bastion social » (BS) ouvraient dans des villes comme Lyon, Strasbourg, Marseille, Chambéry, Aix-en-Provence et plus récemment Clermont-Ferrand. Partout où ils ont pu ouvrir, d’innombrables attaques racistes islamophobes, sexistes, homophobes et/ou visant des militant.es se sont multipliées. Si la stratégie des fascistes s’adapte à la période, il y a de quoi être inquietEs de retrouver les nazis ultra-violents du « GUD » (officiellement autodissout dans « BS ») repeints en sauveurs du peuple blanc avoir pignon sur rue, distribuer des tracts sur des marchés, devant des boîtes qui licencient pour prôner la préférence nationale et démarcher des commerçants pour organiser des récoltes alimentaires. Face à cette situation, la nécessité de construire un front antifasciste à la hauteur de la menace se pose concrètement et urgemment. Les fascistes doivent reculer, leurs locaux doivent fermer !
Ne compter que sur notre mobilisation
Dès le départ et jusqu’à aujourd’hui, le collectif strasbourgeois « Fermons l’Arcadia » a permis l’organisation de plusieurs manifestations, contre-rassemblements et d’événements culturels/festifs antifascistes, la médiatisation régionale et nationale de nos actions et des attaques des fascistes. Dans le quartier de l’Esplanade, qui abrite le local fasciste, le collectif assure une présence régulière par des distributions de tracts, des collages, une intervention au sein du tissu associatif. Il est à l’origine d’une prise de position du centre socio-culturel, de commerçant.es, riverain. es, parents d’élèves. Après le lynchage d’un groupe d’étudiant.es sur le campus en plein mouvement contre la sélection, une manifestation spontanée de l’AG étudiante a permis de passer outre l’interdiction préfectorale de manifester dans le quartier, de les acculer derrière leur rideau et de leur envoyer un message clair : «on répondra chaque fois qu’on nous attaque !».
Politiser l’anfifascisme
Si la fermeture du local fasciste « Arcadia » est une urgence, les fascistes sont à combattre partout. Le 15 mars dernier, nous organisions l’exfiltration de l’ex-FN Philippot lors de la manifestation strasbourgeoise contre la hausse de la CSG. Début mars, nous contrecarrions les intentions policières pour manifester avec les kurdes conjointement contre la répression de l’État turc au Kurdistan et la fermeture des locaux fascistes. Au même moment, nous organisions un cycle de discussions-débats placé notamment sous le signe de la convergence des luttes antifascistes avec les luttes de l’antiracisme politique. Le 2 juin, date du passage de la loi Asile et Immigration au Sénat, alors que le groupe néonazi grec Aube Dorée était présent à Strasbourg, nous manifestions tant contre le racisme et en solidarité avec les migrant.es que contre le fascisme, l’un ouvrant la porte à l’autre. Car oui, la riposte antifasciste unitaire que nous construisons ne peut pas faire l’économie de l’analyse des conditions de possibilité d’une telle offensive partout en Europe. Parmi ces conditions de possibilité, l’existence d’un racisme d’État et de lois d’extrême-droite comme la loi Asile et Immigration corrélée à une offensive néolibérale sans précédent légitime malheureusement en amont l’implantation d’un local prônant la “préférence nationale”.
Le rempart contre le fascisme, c’est notre autonomie !
En nous organisant contre l’apparition et le développement des fascistes, nous participons à (re)conquérir nos propres bastions sociaux et politiques. Pas un quartier où les fascistes apparaissent dans l’anonymat et l’indifférence, pas un centre socio-culturel muet face à leur présence, pas un marché où ils soient chez eux, pas un campus où ils font la loi, pas une manifestation antifasciste sans slogans antiracistes et internationalistes, pas d’apparition des fascistes dans les luttes sociales, voilà quelques-unes des boussoles qui doivent nous guider dans la construction d’un front uni contre le fascisme. À Strasbourg comme ailleurs, la lutte antifasciste est un enjeu central de l’unité de notre classe et de sa capacité présente et future de mener des luttes victorieuses.