Quelle est la situation actuelle pour les réfugiéEs ?
La vie des réfugiéEs est un véritable enfer après les attaques racistes du gouvernement de droite « Nouvelle démocratie » dont le vote d’une nouvelle loi sur l’asile, la fermeture des frontières avec la Turquie au fleuve Evros, l’interdiction d’accoster pour les bateaux qui essaient d’arriver sur les côtes des Iles de la Mer Egée et la construction de nouveaux centres de rétention de masse de 20 000 places pour pouvoir les déporter.
Plus de 40 000 réfugiéEs sont pris au piège actuellement dans les îles dont 20 000 pour Lesbos dans le camp de Moria, une situation de jungle comparable à ce qui existait à Calais.
L’armée et la police, soutenus par Frontex, combattent avec des gaz les réfugiéEs au fleuve Evros et ceux qui traversent la frontière risquent des emprisonnements de 4 années et des amendes de 10 000 euros.
Le gouvernement grec utilise la propagande ouvertement raciste selon laquelle la Grèce aurait été envahie par des migrantEs illégaux sous les ordres de Erdogan et exige l’union nationale pour fermer les frontières. Malheureusement Alexis Tsipras, dirigeant de Syriza, a donné son soutien total au premier ministre Mitsotakis pour cette politique raciste et meurtrière, tournant le dos au mouvement de solidarité avec les réfugiéEs mais aussi à des sections de Syriza qui s’opposent à ces attaques particulièrement parmi la jeunesse.
Quel est l’impact de la crise liée au coronavirus ?
Avec le coronavirus la situation est extrêmement mauvaise et rend particulièrement évidente l’hypocrisie du gouvernement qui refuse d’employer les effectifs suffisants dans l’hôpital public mais qui, dans le même temps, poursuit sa guerre raciste contre les réfugiéEs et envoie des milliers de policiers pour les réprimer. Et qui laisse ainsi des milliers dans des conditions sanitaires catastrophiques.
Qu’en est-il des réactions de la population ?
Le gouvernement essaie de dire que la population est derrière lui pour attaquer les réfugiéEs. La réalité est ce qui s’est passé à Lesbos et Chios quand le gouvernement a essayé d’imposer la construction de deux énormes camps de rétention en deux semaines en utilisant l’expropriation des terres et l’envoi de 1000 forces spéciales de la police.
La population s’est révoltée et a empêché ce projet de prisons de masse pour les réfugiéEs. Au cœur de la résistance, les syndicats locaux ont appelé à trois jours de grève générale, paralysant l’île et ont mobilisé des milliers de personnes contre la police.
Les flics ont été battus et exténués par trois jours de combat permanent avec des habitantEs. Ils ont dû quitter l’île avec des activistes qui les attaquaient y compris quand ils battaient en retraite pour se protéger dans un camp militaire !
La direction de ce combat était assurée par des gens de gauche et l’extrême-droite et les fascistes qui ont essayé de l’infiltrer ont été marginalisés. La grande défaite pour le gouvernement a été que toutes les instances, locales et régionales de la « Nouvelle démocratie » se sont opposées aux projets du gouvernement mais ont échoué à contrôler la résistance. Après cette défaite les nervis d’extrême-droite ont essayé d’attaquer les bateaux de réfugiéEs et les activistes sur l’île de Lesbos provoquant une manifestation antifasciste massive. La plus importante a eu lieu ce samedi 14 mars avec des centaines de participantEs dont l’Association des médecins présente avec sa banderole tournant ainsi le dos à tous ceux et celles qui permettaient de légitimer les attaques fascistes, les « restez chez vous », utilisant la peur de propagation du coronavirus.
Il semble pourtant qu’Aube Dorée que les mobilisations antifascistes avaient mis en crise ait retrouvé une nouvelle audience. Qu’en est-il ?
Nous étions dans une période où les néo-nazis d’Aube Dorée avaient été isolés et expulsés du parlement pour la première fois depuis 2012 avec notamment un procès qui dure depuis 5 ans. Néanmoins les politiques néolibérales du gouvernement et de l’Union européenne, de l’Europe forteresse, les discours propagés par le gouvernement selon lequel il y a une invasion pour « l’islamisation » de la Grèce, la compétition militaire entre la Grèce et la Turquie pour le contrôle stratégique du Moyen-orient et de la Méditerranée autour du gaz naturel, les attaques racistes qui désorientent la résistance aux mesures d’austérité, le nationalisme et les discours guerriers, tout cela ouvre la voie aux fascistes pour revenir.
Comment réagissez-vous dans cette situation ?
Nous nous trouvons désormais face au défi du coronavirus qui ne justifie pas l’union nationale avec le gouvernement comme Syriza le fait. Nous défendons un programme de revendications pour le soutien des hôpitaux publics comportant notamment le recrutement immédiat de plus d’employéEs et l’augmentation des moyens. La destruction du système de santé publique provoquée par l’acceptation des memorandums signifie que les gens sont renvoyés chez eux.
Nous défendons donc des réponses de classe et la nécessité de la lutte pour sauver les vies des travailleuses et travailleurs plutôt que de sauver les riches et les banquiers qui exigent de nouvelles mesures d’austérité à la suite d’un nouvel effondrement boursier et du ralentissement de l’économie.
Suite à la campagne très réussie de participation de réfugiéEs des camps à la manifestation féministe du 8 mars, des groupes de Keerfa avec des réfugiéEs des camps organisent actuellement des diffusions de tracts et des réunions à l’intérieur des camps pour les appeler à participer à la manifestation du 21 mars. Ils établissent des listes de participants pour les cars et nous espérons que cela fera la différence car un des principaux arguments dans cette période de coronavirus est que les camps sont les pires endroits pour la santé des réfugiéEs et parce que nous voulons la liberté pour nous tous et toutes !
Notre slogan est « Ouvrez les frontières, les réfugiéEs sont bienvenuEs, fermez les camps de concentration. Expulsons Mitsotakis pour nous sauver du racisme, des fascistes et du coronavirus !