Nous publions ici ce texte du groupe Zazalé rédigé lundi 24 avril à propos de l’opération raciste et colonialiste « wuambushu » qui a débuté ce même jour.
Les habitant·e·s de Mayotte subissent des violences intolérables.
La première est consécutive de l’histoire de l’empire colonial français qui s’écrit encore aujourd’hui.
Au mépris du droit international, la France considère Mayotte comme un territoire français. Les comorien·ne·s n’y sont en situation illégale qu’au regard de l’État Français. La France signataire des accords internationaux tient un double langage sordide, qui fait d’elle un état hors la loi.
Les peuples des Comores, après avoir autoproclamé que l’ensemble de l’archipel des Comores était indépendant, ont subi des régimes sanglants pendant des décennies. La décolonisation sans réparation, sans plan d’émancipation est une violence qui ressemble plus à un punition qu’ à un acte honorable.
La situation humanitaire aux Comores est catastrophique. Les populations survivent tant bien que mal dans une misère admise comme une norme acceptable à l’international, mais qui reste inadmissible. D’autant plus quand on considère chaque esclave Comorien qui est devenu jadis notre ancêtre Réunionnais, quand on se rappelle l’histoire de la Réunion.
70km sépare l’occident des hommes, des femmes, des enfants qui fuient l’extrême pauvreté, la famine, les violences, la corruption , des personnes qui aspirent à vivre. Mayotte est un bastion géostratégique dans le canal du Mozambique. Pourtant la France, qui a la suffisance de présider la Commission de l’Océan Indien laisse la situation pourrir. La seule façon d’arrêter l’immigration massive est de permettre à ces sœurs et frères de vivre dignement.
La deuxième violence est issue de l’histoire de Mayotte. C’est la gestion catastrophique de la France de ce territoire.
Ancienne colonie, Mayotte est Française depuis 1976. Pourtant les Mahorais·e·s ne disposent pas des même droits que l’ensemble des Français·e·s. L’État a créé une population de « presque citoyens » . L’accès aux soins est largement insuffisant. Le niveau des prestations sociales est inférieur au reste du territoire français. il manque cruellement de logement et beaucoup sont insalubres. Le taux d’illettrisme démontre la défaillance de l’état en matière d’éducation. Le taux de pauvreté et l’indice de Gini du territoire témoigne de l’abandon social et économique.
L’appel d’air créé par la stratégie géopolitique de la France, a entraîné une vaste vague migratoire. La France dit-on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Mais doit-elle, pour autant, créer la misère dans cette partie du monde ?
Les habitant·e·s des frontières sont les victimes collatérales de la traite humaine que subissent les migrant·e·s. Mayotte et le reste de l’archipel des Comores voient s’épanouir des réseaux de prostitution, d’esclavagisme moderne, de trafic en tout genre. Au lieu de faire son devoir et s’assurer que les logements étaient salubres, l’État français a laissé prospérer ces mafias dans le terreau fertile des bidonvilles qui se construisaient.
Ces deux premières violences induisent une troisième violence en réaction. Les conditions de vie sur l’île, la pauvreté, les conditions sanitaires, les inégalités, les corruptions entrainent une insécurité de chaque instant. Le rêve de liberté, d’égalité et de fraternité français semble une ironie macabre à Mayotte. Les témoignages de violences subies affluent de toutes les parties sur le terrain. Les un·e·s se dressent contre les autres, aveugles aux vraies causes de leurs souffrances. Un territoire français quasiment sans foi ni loi.
Sur cette situation catastrophique, l’État français rajoute des violences :
La quatrième violence est la persécution exercée sur les habitant·e·s des bidonvilles, où vivent des familles en situation régulière ou pas.
Les descentes à tout moment du jour ou de la nuit engendrent des drames humains. Dans quelles conditions sont pris en charge les enfants séparés de leurs parents sans papier ? Dans quelles conditions sont pris en charge toutes ces personnes placées en centre de rétention ? Dans quelles conditions sont relogé·e·s les citoyen·ne·s français·e·s ? Assurément, les droits de l’homme sont là encore bafoués.
La cinquième violence est la propagande de l’État Français qui exacerbe les tensions entre les populations en souffrance.
Elle porte un discours démagogique qui attise la haine. Dans la doctrine politique, ce n’est pas la misère humaine qui engendre la violence, mais l’immigré·e, ce n’est pas l’action humanitaire qui va améliorer la situation, mais la répression…