La position de soutien au peuple palestinien est actuellement muselée et réprimée : manifestations interdites et militant·e·s menacé·e·s, à l’image des camarades de Solidaires étudiant.es de l’EHESS dont nous partageons le dernier communiqué. Nous vous proposons quelques retours de militant.es qui ont participé à ces initiatives de solidarité, qui donnent une idée de la répression systématique ainsi que de la détermination qui s’est exprimée lors de ces rassemblements.
À Rennes, autour de 60 personnes ont participé, ce qui montre que la répression en amont a bien fonctionné. Les organisations avaient annoncé l’interdiction en disant qu’elles se retiraient de l’organisation du rassemblement. Aucun drapeau, aucune banderole, aucune prise de parole, aucun slogan… Très triste.
À Montreuil, dans l’urgence, des messages ont été diffusés sur les différents réseaux hérités des dernières luttes montreuilloises. L’objectif était de se retrouver pour un départ collectif afin d’aller ensemble au rassemblement du 12 octobre. Malgré l’interdiction, il y avait une vingtaine de personnes, avec drapeaux palestiniens, keffieh ou tee-shirts de la campagne Boycott Désinvestissement Sanctions. Nous avons toutes et tous éprouvé.es de la joie de nous sentir moins isolé.es. Nous avons pu rendre visible les couleurs palestiniennes sur la ville, chanter les slogans « Palestine Vivra, Palestine Vaincra » avant de prendre le métro vers Paris. Les départs collectifs aux rassemblements permettent d’échanger avec des personnes qui voient la solidarité s’exprimer !
Place de la République à Paris jeudi soir, des milliers de jeunes racisé.es, dont beaucoup de femmes, ont crié des slogans en faveur de la résistance palestinienne. Pendant 1h30, la police a été débordée par le nombre, puis l’ordre a été donné de gazer, réprimer avec les canons à eaux et verbaliser. Samedi, la répression a été plus rapide.
À Strasbourg, malgré l’interdiction du rassemblement, ça a fini en manifestation pendant 2h30 avec 1500-2000 personnes. Beaucoup de très jeunes, de gens des quartiers, beaucoup de jeunes filles voilées, ou de familles musulmanes au complet. Pas le même public qu’à la manifestation du matin à l’initiative de l’intersyndicale. 13 arrestations, pour port du drapeau palestinien, ainsi que les organisateurs du collectif judéo-arabe et citoyen pour la Palestine, et le président du l’UJFP locale. Les organisations politiques et syndicales n’ont joué aucun rôle. La manifestation a été quasi entièrement autogérée par les jeunes. Des rassemblements de soutien devant les commissariats se sont organisés.
À Saint-Étienne jeudi soir, 300 participant.es, c’était très vivant, sans doute grâce à un travail de fond fait par quelques camarades de BDS (Boycott – Désinvestissement – Sanctions) qui font très souvent des formations, des prises de parole, et du lien, notamment entre les organisations politiques et la communauté musulmane. C’était chouette, et ça montre bien l’intérêt du travail de fond et de terrain.
À Toulouse jeudi une grosse centaine de personnes ont été directement dispersées, c’était très jeune. Grosse répression de la BAC et des CRS (qui ont envahi un commerce arabe pour faire sortir tout le monde en invectivant le gérant sur le terrorisme). Des interpellés gratuitement sur la base du racisme, gaz à bout portant sur les gens qui regardent… Une police qui, dans les paroles, les gestes et l’attitude, donne de plus en plus froid dans le dos… Mais ça faisait tellement du bien de voir le drapeau palestinien dans les rues !