Suzanne, pour toujours dans nos cœurs et dans nos luttes !

Alors que sont rédigées ces quelques lignes d’hommage à Suzanne Le Manceau, nous ne savons toujours pas quel sort l’État impérialiste français et son parquet antiterroriste ont une nouvelle fois réservé à notre camarade Georges Abdallah.

Les Cahiers d’A2C #15 – décembre 2024

Très affaiblie par la maladie contre laquelle elle aura lutté jusqu’au bout, jusqu’à ses derniers jours à l’unité de soins palliatifs, ses pensées et ses paroles étaient tournées vers Georges qui l’appelait chaque jour. « Je ne vais pas me plaindre, moi, je n’ai pas fait 40 années en prison ». Elle masquait son état physique réel pour ne pas « affaiblir moralement le camarade ».

Elle ne saura jamais l’issue de cette onzième demande de libération et n’ira jamais lui rendre visite dans son pays, le Liban, une nouvelle fois sauvagement agressé par le gouvernement fasciste de Netanyahu et son armée coloniale.

Cofondatrice du CLGIA (Collectif pour la Libération de Georges Ibrahim Abdallah), elle s’engage pleinement dans cette lutte de longue haleine qui ne comptait alors que peu de soutiens à gauche, ni même à l’extrême gauche, effrayés par les campagnes de désinformation et la peur de la répression. Après une discussion collective, elle fait une demande de parloir, l’obtient et se rend par la suite tous les mois à la prison de Lannemezan visiter notre camarade et briser l’isolement. Suzanne constituait le lien politique essentiel que Georges avait avec l’extérieur, et cela jusqu’à sa mort. Bien sûr, ces dernières années les temps ont changé et des parloirs ont été obtenus par dizaines, à tel point que beaucoup de groupes et groupuscules ont fait le « voyage à Lannemezan », fiers d’en revenir avec leur selfie en compagnie de Georges. Nous en étions conscients mais pensions que ces visites diversifiées sur le plan politique constituaient un élargissement, permettant de constituer un front unitaire pour la libération du camarade. Cette ligne, qui est celle de Georges, sera parfaitement assumée par Suzanne dans toutes les rencontres, manifestations, communiqués et articles de presse auxquels elle participera.

Une mobilisation interminable !

Suzanne, au final, aura passé plus de vingt années de sa vie à la libération de Georges, avec les appels quotidiens de ce dernier, la liaison avec les avocats, les articles à rédiger pour la presse, la recherche de dons pour alimenter la « cantine du prisonnier » essentiellement consacrée aux appels téléphoniques pour le Liban. Chaque année, c’est elle qui s’occupait de la confection du « colis de Noël » auquel ont droit tous et toutes les détenu·e·s. Notons qu’en bon communiste, Georges en partageait le contenu avec ses ses codétenu·e·s dont beaucoup ne reçoivent aucune visite, oublié·e·s au fil des années de détention par leurs familles et leurs relations.

Les longues peines des militant·e·s politiques

Avant la lutte pour la libération de Georges Abdallah, Suzanne avait milité pour celle des quatre militant·e·s d’Action Directe et savait combien il avait été difficile de les faire sortir de l’isolement carcéral, y compris quand leur état de santé était gravement mis en cause (cela mériterait un article à lui seul). L’engagement politique autour des longues peines nécessite un investissement quotidien et au long cours sans possibilité de rupture.

Merci pour tout !

De ne plus jamais la rencontrer, prendre un pot avec elle, goûter ses petits plats, se balader…rigoler ensemble, sera difficile, car elle laisse un vide politique mais surtout humain. Sachant qu’elle allait mourir, elle abordait cet épisode ultime avec calme, résignation, sachant en matérialiste convaincue qu’il n’y a pas de sauveur suprême, ni dieu, ni césar, ni tribun.

La victoire ou la victoire !

Le plus bel hommage que l’on puisse faire à Suzanne, notre Suze, c’est de se mobiliser jusqu’au bout pour la libération de Georges, et pour la libération de la Palestine. Nous sommes toutes et tous responsables de son sort, tant qu’il n’aura pas rejoint son pays, sa famille et ses ami·e·s ! Le voyage est encore long et périlleux !

Honneur à Suze ! Libérons Georges Abdallah ! Palestine vaincra !

Alain Pojolat