L’avocate militante Mahienour el-Massry et le leader syndical Moatasem Medhat ont été condamnés à deux ans de prisons par une cour égyptienne. Ils sont accusés d’avoir enfreint une loi sur les rassemblements publiques imposée par les autorités coloniales britanniques en 1914. Mahienour et Moatasem sont en prison depuis leur procès en novembre 2017 et feront appel de leur jugement le 13 janvier 2018. Les avocats Asmaa Naeem et Waleed El Ammary ainsi que l’activiste Ziad Abou el Fadl ont également été condamnés à trois ans de prisons in absentia. En plus de la loi de 1914 sur les rassemblements publics, le procureur reproche aux accusé-e-s d’avoir enfreint la loi répressive de 2013 sur les manifestations, ainsi que d’avoir mené des « activités violentes » et d’avoir « insulté le président ». Le seul témoin de l’accusation est un officier de police dont le rapport écrit indique que les accusés avaient déjà quitté la scène à son arrivée.
Les faits dont Mahienour, Moatasem et leurs collègues sont accusés sont liés à un rassemblement durant la vague de manifestations contre le transfert des îles de Tiran et Sanafir de l’Egypte vers l’Arabie Saoudite; cependant il est clair que le véritable but est d’emprisonner des militants qui se mettent en première ligne pour défendre les travailleurs et les activistes persécutés par les autorités.
Mahienour, avocate primée des droits de l’homme, est connue pour son travail de défense d’activistes, de syndicalistes et de réfugié-e-s Syrien-ne-s face aux persécutions des autorités. Elle avait été emprisonnée en 2015 pour avoir manifesté contre l’acquittement de policiers accusés du meurtre de Khaled Said, le jeune homme originaire d’Alexandrie dont la mort en 2010 a provoqué le mouvement contestataire qui a ouvert la voie au soulèvement de 2011. Le prix international des droits de l’homme Ludovic-Trarieux lui a été décerné alors qu’elle était en prison pour son travail de défense des innombrables personnes écrouées par le système judiciaire répressif de l’Egypte. Même en prison elle continua de travailler pour la défense de ses codétenues, souvent des femmes ouvrières emprisonnées pour des dettes qu’elles ne pouvaient rembourser.
Le syndicaliste Moatasem Medhat a prouvé devant la cour de justice qu’il n’était même pas présent à cette manifestation mais écopa néanmoins d’une condamnation de deux ans de prison. Membre du Parti du Pain et de la Liberté, Moatasem fait partie des fondateurs du syndicat indépendant à la ‘Lord Company’, (une usine de rasoirs en Alexandrie) dont il fut le secrétaire avant d’être victimisé et licencié par la direction pour son activité syndicale. Il est également membre du comité exécutif de la Conférence permanente des travailleurs d’Alexandrie, une fédération régionale de syndicats indépendents. Par le biais de la fédération Moatasem a lutté pour la réforme du droit du travail et du droit syndical, particulièrement répressifs en Egypte, et a contribué à l’organisation d’une campagne pour sauver des emplois dans l’industrie textile. Depuis son licenciement de Lord, il a travaillé comme agent de surveillance et comme boutiquier dans le secteur touristique. Il est marié et a un enfant.
Mahienour et Moatasem ne sont que deux parmi les dizaines de milliers de gens emprisonnés sur des accusations fabriquées de toutes pièces par le régime militaire et autoritaire d’Abdelfattah al-Sisi. Amnesty International montre comment les autorités égyptiennes font usage « massif des arrestations arbitraires pour réprimer les manifestations et les contestations, emprisonnant journalises, défenseurs des droits de l’homme et manifestants tout en limitant les activités des organisations des droits de l’homme », en plus de pratiquer la torture, les exécutions extrajudiciaires et la persécution des personnes assimilées LGBT+ dans une campagne de répression homophobe contre la « débauche ».
Des soutiens des accusés rassemblés devant la cour de justice le 30 décembre 2017 pour écouter les verdicts ont également été attaqués par la police. Mustafa Tawfiq, Mohammed al-Hadidi et Haythem el-Deeb ont été arrêtés après que Tawfic et el-Deeb aient été sévèrement battus.
Ce que vous pouvez faire:
- suivez la page Facebook ‘FreeMahienour’ pour des mises à jour sur la campagne
- téléchargez le tract [mahie_moatasem_leaflet_A4] et le poster[mahie_moatasem2018_poster] de la campagne
- Passez une motion dans votre branche syndicale condamnant la répression et appelant à la libération de Mahienour, Moatasem et tous les autres prisonniers et prisonnières politiques en Egypte
- Envoyez un message de protestation à l’ambassade d’Egypte de votre pays (https://www.mfa.gov.eg/English/Ministry/Pages/contacts-egypt-empassys.aspx)
Traduction : Jad Bouharoun
Solidarity with Mahienour and Moatasem: jailed for defending the right to protest and strike