Toutes et tous à Lille les 10 et 11 mars
Le 16ème congrès du Front National aura lieu les 10 et 11 mars à Lille, à une trentaine de kilomètres d’Hennin-Beaumont, ville occupée et fief du FN dans une région au sein de laquelle Le Pen a obtenu un score de 47% le 7 mai 2017. La capitale des Hauts-de-France, où les Identitaires prennent racine, est un lieu hautement symbolique pour amorcer une nouvelle phase de développement du Front.
Ce congrès revêt en effet une importance particulière pour le FN. Il a vocation à « refonder » le parti dans la perspective de lui faire franchir un nouveau cap alors qu’il pose d’ores et déjà la question du pouvoir après avoir récolté plus de 10 millions de voix lors d’un second tour d’une élection présidentielle. Plus précisément, l’enjeu est triple :
- Parachever l’entreprise de dédiabolisation et ce notamment en changeant si besoin de nom.
- Redéfinir une orientation programmatique, singulièrement sur les questions économiques, afin de tourner la page des crispations autour de l’Euro sans altérer l’ADN idéologique du mouvement et tout en maintenant un point d’équilibre entre des politiques parfois contradictoires dû au fait que son centre de gravité se situe au sein de la petite bourgeoisie.
- Transformer son audience électorale en force militante, passer d’un parti de quelques dizaines de milliers de membres à un mouvement étant capable d’en encadrer des centaines de milliers, faire émerger un réel cadre politique de masse tel qu’il en existait dans les années 1920-1930.
Parce que le FN s’inscrit toujours dans la filiation du fascisme historique (voir l’article d’Ugo Palheta : De quoi le FN est le nom ?), il n’est pas possible d’être spectateur d’un bégaiement de l’histoire. L’écrasement politique et physique de cet ennemi mortel, qui se développe indépendamment de la volonté de l’Etat et de la bourgeoisie, est plus que jamais à l’ordre du jour.
Les 10 et 11 mars, Lille peut et doit accueillir un véritable contre-sommet antifasciste de dimension nationale, voir européenne, organisé par les « antifas » mais aussi par le plus grand nombre d’organisations du mouvement ouvrier traditionnel, d’associations qui font vivre la solidarité, de réseaux, collectifs ou groupes divers et variés qui se battent contre le capitalisme, l’état d’urgence, le racisme, le sexisme, l’homophobie, etc. et qui à minima voient le FN tel « un parti pas comme les autres » avec pour conséquence la nécessité d’agir contre lui. Cette démarche est celle du front unique antifasciste.
Concrètement, pour construire cette échéance, l’émergence de cadres de mobilisation unitaires, à l’échelon local, soutenu par un cadre national, est nécessaire afin de mener une campagne de terrain qui articule combats contre l’extrême-droite sous toutes ses formes là où l’on vit, là où l’on travaille et perspective mobilisatrice de grande ampleur à Lille. Les anticapitalistes ont la responsabilité de prendre des initiatives dans ce sens avec trois préoccupations majeures :
- Convaincre (à nouveau) de la nécessité d’affronter le FN et ses satellites pour empêcher toute construction d’un parti fasciste de masse, une forme d’action salutaire et complémentaire aux luttes contre les politiques anti-sociales, sécuritaires et racistes ainsi qu’à la construction d’une autre radicalité d’espérance collective pour tarir à la source l’expansion du fascisme.
- Favoriser la mobilisation du plus grand nombre parmi notre camp social et en premier lieu de celles et ceux qui sont les cibles privilégiées des fascistes, les musulmans réels ou supposés.
- Envisager cette campagne comme un moment fort pour renforcer et/ou construire dans chaque département, chaque ville, des cadres antifascistes pérennes.
Enfin, d’une telle mobilisation pourrait émerger les bases d’une nouvelle structure nationale antifasciste capable d’être une force de frappe à la hauteur du danger en présence. Il y a urgence mais il n’est pas encore trop tard.
J.