Une nouvelle fois, la détermination et l’unité des salariéEs sans-papiers ont eu raison de l’acharnement des chambres patronales, des préfectures, et du gouvernement. Les 160 travailleurEs franciliens partis en grève reconductible, avec piquets de grève, le 12 février dernier, ont obtenu de leurs employeurs la délivrance du sacro-saint CERFA, indispensable à toute demande de régularisation. Il leur a également été notifié, par les préfectures, une assurance écrite de l’issue favorable à leurs demandes de régularisation.
En moins de six semaines, ce qui était prétendument impossible est devenu réalité ! Une formidable leçon de combativité est donnée à tous ceux et toutes celles qui s’apprêtent à ne discuter que d’amendements au projet de loi « asile et immigration » qui doit être présenté au parlement en avril, sans en exiger le retrait pur et simple.
Certes, cette victoire ne réglera pas la situation administrative des dizaines de milliers d’autres sans-papiers qui, partout sur le territoire, sont surexploités et maltraités par des patrons qui profitent sans vergogne de la situation. Certes, le chemin est encore long pour que le mouvement social arrive à imposer la régularisation de tous les sans-papiers. Mais cette lutte, comme les nombreuses qui l’ont précédé tracent une voie : celle de la résistance et du combat pour de nouveaux droits. ParticipantEs actifs de leur lutte, organisés dans leurs syndicats (principalement à la CGT), décidant en AG quotidiennes de la suite du mouvement, et se coordonnant entre toutes les boites en lutte, les grévistes sans-papiers nous délivrent un message : ensemble, c’est possible. Ensemble nous pouvons battre ce gouvernement arrogant qui mise sur l’éparpillement des mobilisations, l’enlisement des conflits, et les règlements au « cas par cas ».
Dans la mobilisation qui se construit contre la loi « asile-immigration », les collectifs de sans-papiers sont un élément clef d’unification de la lutte. Présents dans toutes les manifestations, ils explosent les catégories dans lesquelles le pouvoir voudrait les voir rentrer : migrantE, demandeurE d’asile, réfugiéE économique… Ils savent par expérience que les demandeurEs d’asiles ou réfugiéEs économiques d’aujourd’hui dont les sans-papiers de demain.
À leur côté, nous serons de nouveau dans la rue le 7 avril, pour le dire et le répéter :
On vit ici, on bosse ici, on reste ici ! Régularisation de tous les sans-papiers ! Macron, ta loi on n’en veut pas ! Abrogation de toutes les lois racistes !
Alain Pojolat
Article écrit pour l’Anticapitaliste