Le fascisme vient. Il n’est pas autre chose que le capitalisme, l’exploitation de classe, la domination de l’État. Mais il n’est pas seulement une forme plus dure, plus raciste et plus policière du pouvoir. Il est l’écrasement violent de toute possibilité de mener nos luttes.
Pour qu’il arrive au pouvoir il faut au moins deux conditions :
1- Une crise du capitalisme, à la fois économique et politique qui exclut tout « règlement » pacifique des contradictions sociales dans le cadre de la démocratie parlementaire.
2- Un parti de masse, se construisant de manière en partie autonome du Capital, capable d’encadrer et discipliner, idéologiquement et physiquement la société et susceptible d’apparaître finalement comme un recours pour une fraction significative du Capital.
La campagne des présidentielles et le résultat du premier tour ont encore illustré la progression du danger fasciste en France sur ces deux points :
- Crise profonde des partis parlementaires au bénéfice de « mouvements » au service d’un sauveur dans un contexte de montée du nationalisme, du racisme, de l’État policier et de renforcement du militarisme. Macron c’est un pouvoir instable qui promet déjà de gouverner par ordonnances pour aggraver encore la loi Travail, supprimer 120 000 emplois dans le public, créer de nouvelles prisons et renforcer la police.
- Progression telle du Front National que son arrivée au second tour des élections présidentielles apparaît comme « normale ». Marine Le Pen c’est des millions de voix supplémentaires pour le FN, des flics qui se lâchent, le racisme qui se déchaîne, une implantation qui se développe au sein même de l’appareil d’État.
Rien n’est écrit. Les confrontations sont encore à venir. Le fascisme n’a pas encore gagné. Mais le temps est désormais compté.
Alors lutter contre le fascisme c’est combattre les deux fronts sur lesquels il avance, combattre le renforcement de l’État policier, du racisme, du militarisme, de la domination du Capital sur nos vies. C’est combattre Macron sans concession. Macron c’est la démonstration qu’il n’y a pas d’alternative au fascisme dans les urnes. Les confrontations à venir se construisent dans nos quartiers et dans nos lieux de travail.
Et c’est aussi, à partir de ces mêmes lieux, se donner comme objectif urgent et vital de détruire toute possibilité de construction d’un parti fasciste, c’est empêcher le développement du Front National et de ses satellites.
Avant le second tour comme au moment des législatives :
- Pas une voix pour le FN ! Car chaque voix de plus pour le FN c’est un pas de plus vers la légitimité d’un parti fasciste, un pas de plus franchi vers des formes de mobilisation extra-institutionnelles contre les migrantEs, les « étrangerEs », les MusulmanEs, les « déviantEs », les « rouges ». C’est plus de confiance pour les flics. Un pas de plus pour que le FN apparaisse comme un recours.
- Pas une affiche du FN intacte sur nos murs, pas une diffusion de tracts dans nos quartiers, pas un rassemblement, un meeting sans mobilisation.
La démocratie parlementaire est en train de se vider de tout contenu. Comme disait Daniel Guérin en 1936, ses « bonimenteurs se cramponnent à la planche pourrie de la ‘démocratie’ bourgeoise et font risette aux groupes capitalistes les ‘moins réactionnaires’ pour se préserver des ‘plus réactionnaires’. Ils attendent leur salut d’un Giolitti ou d’un Brüning qui, finalement, les livrera, pieds et poings liés à un Mussolini ou à un Hitler. S’ils ont le goût du suicide, c’est leur affaire. Entre fascisme et socialisme, les autres, ceux qui veulent vivre, ont fait leur choix. »
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