21 mars en France : On est là !

Cette année la mobilisation pour la journée internationale contre le racisme du 21 mars prochain se produit dans une situation particulière en France. Son importance politique en est décuplée. En amont de la manifestation du 21 mars, une assemblée publique de mobilisation aura lieu le dimanche 23 février à Paris: https://www.facebook.com/events/213404306508078/.

Ce pouvoir ne tiendra pas. Le dernier épisode de la crise dans laquelle s’enfonce le parti présidentiel d’Emmanuel Macron a pris la forme d’un vaudeville. Son candidat aux élections municipale de mars prochain pour la mairie de Paris, très proche du président, a dû abandonner suite à la publication de sextapes. Il faut dire que Benjamin Griveaux avait axé sa campagne sur les valeurs familiales, l’ordre et la sécurité. Ministre du gouvernement il y a un an, son ministère avait été attaqué lors d’une manifestation des Gilets Jaunes et la porte de son ministère défoncée par un transpalette.

Ce n’est qu’un épisode, pas le plus important en soi mais significatif de la situation dans laquelle se trouve ce pouvoir. Face à la contestation des Gilets Jaunes puis à la mobilisation sur les retraites le gouvernement a tenté la manière forte avec une répression inédite. Cela a provoqué un mouvement de colère contre les violences policières qui l’a obligé à mettre en cause publiquement certaines pratiques policières. Sa réforme des retraites s’enlise au parlement et est désormais critiquée y compris par des institutions clefs tandis que des rapports officiels en démontrent la nature profondément inégalitaire socialement.

Le plus important est que le moteur de cette crise est la mobilisation. Le mouvement des Gilets Jaunes de l’an dernier a été le détonateur du discrédit du pouvoir dans l’opinion. Et cela fait désormais plus de deux mois que la mobilisation contre son attaque sur les retraites dure. Si après des semaines de grèves illimitées dans plusieurs secteurs (cheminots, transports publics, enseignants), ces secteurs ont repris le travail, les grèves continuent lors de journées d’action et ont gagné d’autres secteurs (docks, nettoiement, culture, énergie…) tandis que la lutte continue depuis des mois dans les hôpitaux. Plus problématique pour le pouvoir, le mouvement contre les retraites a réveillé des revendications spécifiques aux différents secteurs. Dans l’éducation par exemple le mouvement est en train de remettre en cause tout le fond de la politique éducative du pouvoir de l’école primaire jusqu’à l’enseignement supérieur. Et le gouvernement qui ne veut pas montrer qu’il recule sur les retraites… recule en fait dans certains secteurs (pompiers, transport aérien, justice…) pour tenter de désamorcer la généralisation du conflit.

Ce pouvoir ne tiendra pas. Chouchou des riches mais incapable de maîtriser la situation Macron n’est sans doute plus la « bonne » carte pour la classe dirigeante. D’où la multiplication des crises internes à sa majorité y compris dans leurs formes les plus vaudevillesques.

Mais il s’agit, moins que jamais d’être complaisants. Quels que soient les détours par lesquels la classe dirigeante essaiera de reprendre la main cela passera, de son côté, par un renforcement des pouvoirs, notamment répressifs de l’Etat et la tentative d’y faire adhérer une partie de la population via le nationalisme et le racisme. Cela a déjà commencé d’ailleurs. En pleine tourmente, Emmanuel Macron lui-même est en train de planifier une offensive sur le terrain de « l’immigration et de la lutte contre le séparatisme islamiste ». Marine Le Pen, qui ne s’y trompe pas, vient d’ailleurs d’annoncer sa candidature… pour les présidentielles de 2022 !

Voilà pourquoi la mobilisation du 21 mars prend une importance particulière cette année. Au-delà de l’importance en soi de la lutte aux côtés des migrant.es dont la situation est de plus en plus catastrophique, c’est tout le mouvement de contestation qui est en jeu. Car l’avenir sera de plus en plus dominé par ce qui se mettra à dominer dans la majorité de la population : solidarité de classe contre le Capital et l’État – donc internationaliste et antiraciste – ou soutien à un État fort sur des bases racistes et nationalistes.

La situation est ouverte. Une marche contre les violences policières est en cours d’organisation pour le 14 mars qui enregistre un soutien impressionnant (sportifs, artistes, personnalités politiques, syndicales et intellectuelles). Et la mobilisation est lancée pour une nouvelle Marche des Solidarités le 21 mars dont les principales lignes sont contre le racisme et le fascisme, stop islamophobie et « ouvrez les frontières ».

Le 16 mars l’an dernier avait permis un début de convergence entre manifestation pour le climat, mouvement des Gilets Jaunes et Marche des Solidarités. Les cortèges de sans-papiers et de familles de victimes des violences policières racistes avaient ainsi pris la tête d’une manifestation de 100 000 dans les rues de Paris. Difficile de prédire quelle forme prendront les choses cette année. Les manifestations du 14 et du 21 mars auront lieu à la veille des deux tours des élections municipales. L’affiche pour le 21 mars reprend le slogan des Gilets Jaunes devenu significativement l’hymne du mouvement de grève : « On est là ! ». Repris dans la lutte contre le racisme et le nationalisme, son contenu pourrait devenir le cri d’une révolte globale de classe.

Denis Godard

le blog de la Marche des Solidarités: https://blogs.mediapart.fr/marche-des-solidarites

l’événement facebook de la manifestation: https://www.facebook.com/events/213404306508078/