Construire Stand Up To Racism contre la menace de l’extrême droite

Mobilisation antiraciste en Grande-Bretagne

Des activistes ont défié le danger de l’extrême droite en construisant un mouvement antiraciste national. Retour d’expérience publié sur le site du Socialist Workers Party.

Les militant.es antiracistes doivent saisir l’occasion pour élargir et étendre le mouvement [antiraciste]. Un exemple de ce que nous devons construire vient de Bishop Auckland, une ville de 25 000 habitant.es dans le comté de Durham, au nord-est de l’Angleterre. 

« Nous résistons à l’extrême droite pour la première fois et vous pouvez faire pareil. » C’est le message de nouveaux activistes déterminé.es à repousser les fascistes de notre région.

Emily dit au Socialist Worker que parmi les personnes investies se trouvent « un grand nombre de personne qui n’ont jamais été engagé politiquement dans leurs vies mais ils ont été consternés. Nous n’avions jamais vu autant de violences d’extrême droite avant. »

Malgré aucune organisation politique préalable, elle s’est lancée dans l’organisation d’une manifestation « Stand up To Racism » pour contrer les menaces de violences racistes flagrantes.

« Je ne peux pas juste rester assise sans rien faire. Quelque chose doit être fait » dit-elle.

« Je sais par expérience, quand tu parles aux gens, ils sont antiracistes, mais ils ne savent pas forcément comment organiser et parler à des groupes. 

« Je trouve ça juste triste. Si tu es une personne de couleur qui vit à Bishop Auckland sans aucune contre-manifestation, tu te dis que tu vis dans une ville raciste. »

Les fascistes ont menacé de faire une descente en ville mercredi soir. A la fin, aucun n’a été vu dans les rues, mais la menace de leur présence a fait que le centre-ville est devenu pratiquement désert en fin d’après-midi.

« Je travaillais aujourd’hui au marché. C’est vraiment étrange – beaucoup plus calme que d’habitude » disait Emily.

« Tous les magasins ont été condamnés et les snacks ont fermés. A Bishop Auckland, il n’y a pas vraiment de cible spécifique. Il n’y a pas de mosquée, donc c’est dur de savoir qu’est ce que pourrait être la cible. »

L’extrême droite a réussi à cultiver un climat de peur si toxique que ses menaces sont capables de calmer l’agitation normale de la vie ordinaire. 

Bishop Auckland se situe à côté de Middlesbrough, Sunderland et Hartlepool, lieux où l’extrême droite a fait de violents saccages sans opposition.

Récemment, à Middlesbrough, des centaines de fascistes ont attaqué des magasins, brûlé des voitures et terrifié des résidents. 

La semaine précédente, à Sunderland, une foule raciste avait sillonné les rues, prenant pour cible les mosquées et incendiant les voitures sur leur passage.

Mais Emily est déterminée à ce que la résistance antiraciste soit visible dans ses rues, espérons le, ce samedi pour la date nationale d’action de Stand Up To Racism.

C’est très impressionant que des militants antiracistes s’organisent dans des régions où il n’y a pas eu de présence antiraciste depuis de nombreuses années. Ca montre qu’il est possible de construire une résistance aux foules racistes partout au Royaume-Uni – même si les activistes commencent depuis zéro.

Emily a commencé par contacté les militant.es régionaux du SUTR, qui lui ont conseillé de débuter par la création d’un groupe whatsapp et une page Facebook. 

« Au bout d’une seule journée, 32 personnes locales ont rejoint le groupe Whatsapp et notre page Facebook a 150 abonnées » dit-elle.

L’activité d’Emily – et les actions de milliers d’antiracistes comme elle – montre que c’est maintenant qu’il faut s’organiser pour la tâche urgente devant nous.

*Emily est un pseudonyme.

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Rotherham dans le Yorkshire du Sud a vu un des pire exemple de violence fasciste le weekend dernier. 

Une foule raciste a attaqué et mis le feu à un hôtel où des réfugié.es étaient hébergées. Les antiracistes ont courageusement tenté de mettre fin à l’attaque mais ils étaient trop peu pour les faire reculer.

Mais les militants n’ont pas été intimidés. Au contraire, ils ont essayé de construire une mobilisation encore plus importante pour prévenir une éventuelle nouvelle attaque.

Phil, un organisateur de Stand Up To Racism à Rotherham, a dit au Socialist Worker, « Nous avions battu en retraite parce que nous étions largement en infériorité numérique. C’était un changement par rapport à l’année dernière où nous avions eu une très grande manifestation antiraciste. »

« Mais, mardi, nous avons organisé un meeting avec 50 personnes – où nous avons appelé à la mobilisation de mercredi. »

« Nous avons pu mobiliser 250 antiracistes devant un cabinet d’avocats ciblé par les fascistes mercredi. Il y avait quelques Nazis, mais ils n’ont assurément pas pu s’organiser ou organiser une marche. Donc c’était une victoire pour nous. »

Il ajoute : « Ca montre que être actif et construire peut fonctionner »

« Quelques personnes nous disaient qu’ils ne fallait pas le faire et de ne pas mobiliser. « Qu’est ce que vous allez atteindre si les fascistes ne sont pas là » – mais nous savions que nous devions prendre position après les évènements de dimanche. »

Phil a dit qu’il est essentiel de gagner l’argument sur le fait d’être dans la rue et d’être actif.

« Tu dois faire demi-tour et construire le mouvement pour faire face à la menace. Et il n’y a qu’une seule façon d’y parvenir : gagner des débats sur la mobilisation.

« Donc nous avons prévu un meeting public. Sheffield a organisé un grand meeting public de 400 personnes qui a conduit à une mobilisation de 1500 personnes mercredi. Donc nous devons essayer de suivre cette dynamique.

« Nous travaillons en lien étroit avec la communauté asiatique. Ils savent que c’est différent – la mosquée a organisé un groupe de personnes pour les protéger. »

Phil dit qu’à Rotherham, « la vision dominante est que les gens doivent être présent.es pour se battre. »

« On doit confronter les fascistes, et ça veut dire descendre dans la rue ».

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