Nous sommes dimanche matin 18 décembre. Il fait très froid en France. Toute l’attention des médias est, a priori, concentrée sur la finale de la coupe du monde où l’équipe de France joue cet après-midi contre l’Argentine.
Et pourtant, à Paris, quelques heures avant la finale, des milliers de manifestants se rassemblent et vont défiler. Défiant le froid mais surtout le chauvinisme, le racisme et le fascisme.
Nous sommes le 18 décembre et, hasard du calendrier, c’est aussi la Journée internationale des migrants, date officielle de l’ONU. Hasard cynique car des milliers de travailleurs migrants sont morts pour construire, au Qatar, les stades et les infrastructures qui ont abouti à cette finale.
D’ailleurs le football n’a pas arrêté de percuter la politique car les gouvernements français ont soutenu l’attribution de cette coupe du monde au Qatar, contre des marchés, contre des avions de guerre, etc. Et, à Paris, sur les chantiers préparant les Jeux Olympiques de 2024 des milliers de Sans-papiers sont aussi exploités.
Le football n’a pas arrêté de percuter la politique : il y a trois jours, au soir du match entre la France et le Maroc, de véritables milices fascistes de rue ont attaqué les Arabes et Noirs qui supportaient l’équipe du Maroc dans plusieurs villes de France. A Montpellier, ville du sud de la France, Aymen, un jeune de 14 ans a été tué.
Cette confiance des fascistes est le résultat de toute la politique du gouvernement qui, depuis plusieurs mois, annonce une nouvelle loi raciste contre les migrants et tous les étrangers en faisant l’amalgame entre étrangers et délinquants.
Mais ce 18 décembre (et la veille) c’est une autre réalité qui manifeste, dans toutes les grandes villes comme dans les petites villes de France. Selon les lieux, des dizaines, des centaines et, à Paris, des milliers sont descendus dans la rue, contre le racisme, contre le fascisme et en solidarité avec les sans-papiers et migrants, soutenus par les syndicats qui préparent aussi la riposte à une attaque du même gouvernement sur les retraites.
A Paris la mobilisation a été une des plus fortes de toutes les manifestations organisées chaque année à l’occasion du 18 décembre. A tel point que même les grands médias s’en sont fait l’écho. Les collectifs de Sans-papiers ont crié « Macron partout, justice nulle part ! ».
Ce n’est pas une manif plan-plan. Du cortège de tête avec les collectifs de Sans-Papiers jusqu’à la fin des cortèges il y a de l’animation et des slogans. La composition même de la manifestation augure bien des suites. Les Sans-Papiers sont nombreuses et nombreux, aussi bien dans les cortèges des collectifs que dans ceux de Solidaires (avec les piquets de grève) et de la CGT. Il y a un cortège du CLAP, collectif des livreurs. Il y a aussi un cortège féministe et un cortège du DAL.
Le succès de cette mobilisation est le point de départ d’une campagne pour bloquer le nouveau projet de loi contre les immigrés. Pour l’articuler, aux côtés des syndicats, avec la lutte annoncée contre l’attaque sur les retraites.
Car si c’est un bon départ, il faudra maintenant l’élargir considérablement pour repousser l’offensive raciste du pouvoir, couper l’herbe sous le pied aux fascistes et les isoler. Dans chaque quartier, chaque foyer, chaque lieu de travail il faut multiplier les réunions pour informer sur la réalité de la loi Darmanin et ses enjeux comme base de mobilisation.
Le gouvernement attaque sur plusieurs fronts avec une logique globale. Notre résistance doit elle aussi être globale et combiner lutte des travailleurs et grèves pour défendre nos salaires et nos retraites et lutte contre le racisme.
Les manifestations de ce 18 décembre sont un superbe début. À Paris, une assemblée de mobilisation contre le projet de loi est déjà annoncée en janvier. Et un des points hauts des prochains mois sera en mars avec les mobilisations internationales contre le racisme.