Le communisme est l’alternative à la catastrophe vers laquelle nous entraîne le monde du Capital. Voilà ce qu’il y a à discuter et à préciser : nous pensons que, non seulement le communisme, mais aussi la lutte pour le communisme sont vouées à l’échec sans une lutte déterminée, dans les prises de position et surtout dans les actes, contre le nationalisme et le racisme, ici et maintenant..
Ce qui signifie qu’on ne construira aucune organisation digne de ce nom, qu’elle soit syndicale ou politique, sans combat pour une intervention, politique et pratique, aux côté des migrantEs contre le régime des frontières, aux côtés des jeunes Noirs et Arabes contre les violences policières et aux côtés des MusulmanEs contre l’islamophobie.
Car le communisme n’est pas une nouvelle société de classes où la classe ouvrière serait la classe dominante. Le communisme c’est l’abolition de toute domination de classe. Nous revendiquons le rôle stratégique et dirigeant de notre classe – à condition de la prendre telle qu’elle est aujourd’hui – dans une perspective communiste. Mais nous disons que ce qui lui donne ce rôle c’est que son émancipation, en tant que classe, signifie l’émancipation de toute la société. Pour jouer ce rôle dirigeant et entrainer toute la société elle doit donc développer une conscience de lutte contre toutes les oppressions engendrées dans la société par la domination du Capital au-delà de la lutte contre l’exploitation qui lui est spécifique.
Nous en déduisons que la conscience de classe la plus élevée, celle qui permet de lutter de manière résolue contre le capitalisme, se développe au travers des luttes contre toutes les discriminations (de race, de genre…) et de leur articulation à la lutte contre l’exploitation. La lutte contre l’oppression est la moins mécanique qui soit parce que les oppressions et les discriminations traversent et empoisonnent notre classe de l’intérieur. C’est ce qui fait du combat contre ces oppressions, lorsqu’il est mené par notre classe, l’élément le plus élevé, le plus politique, de la conscience de classe. Nous en déduisons que la conscience de classe la plus élevée, celle qui permet de lutter de manière résolue contre le capitalisme, se développe au travers des luttes contre toutes les discriminations (de race, de genre…) et de leur articulation à la lutte contre l’exploitation. La lutte contre l’oppression est la moins mécanique qui soit parce que les oppressions et les discriminations traversent et empoisonnent notre classe de l’intérieur. C’est ce qui fait du combat contre ces oppressions, lorsqu’il est mené par notre classe, l’élément le plus élevé, le plus politique, de la conscience de classe.
Le capitalisme entretient avec le racisme et le nationalisme des liens historiques et de sang. Le capitalisme a transformé le rapport d’exploitation en un contrat entre individus juridiquement « libres ». D’où la nécessité de légitimer l’esclavage en théorisant l’inhumanité des Noirs. Le capitalisme s’est développé politiquement sous la forme d’Etats-nations composés de citoyens « libres et égaux en droits », droits établis comme « universels ». D’où la nécessité de légitimer le colonialisme en théorisant l’inégalité « naturelle » des races, les raciséEs devenant des non-citoyens ou des sous-citoyens.
Sous le fouet de la dynamique d’accumulation, le Capital a toujours tendu à déborder les cadres géographiques et politiques de sa naissance. Chaque crise d’accumulation du Capital est devenue une crise politique des formes historiques étroites dans lesquelles il a émergé. Mais il n’a jamais réussi à les dépasser et c’est dans ces formes mêmes qu’il a tenté de régler ses crises. D’où les flambées de nationalisme et de racisme qui marquent de sang l’histoire du capitalisme.
L’expérience du XXè siècle et la trajectoire actuelle du Capital semblent indiquer qu’il ne peut dépasser ces formes. L’ultra-impérialisme de Kaustky comme l’Empire de Toni Négri sont des théories qui se sont noyées, pour l’une dans l’expérience des deux guerres mondiales et de l’horreur de l’holocauste et pour l’autre dans les guerres et le retour des nationalismes de la fin du XXè siècle et du début du XXIè.
C’est ce type de situation qui marque notre période historique, crise structurelle du capitalisme et flambée du nationalisme, du militarisme et du racisme. Ce qui conditionne ce que nous nommons trajectoire du Capital. Nous n’en sommes qu’aux prémisses.
La résolution de la crise migratoire qui est, en réalité une crise des politiques migratoires, suppose une attaque résolue contre le régime des frontières, c’est-à-dire contre l’ordre des États-nations. La lutte contre l’islamophobie suppose une attaque résolue contre l’identité nationale liant une fraction de notre classe à l’État et aux capitaux auxquels il est lié. D’où la trajectoire potentiellement antagoniste des luttes antiracistes avec la trajectoire actuelle du Capital.
Il n’est pas anodin que les nouvelles formes du réformisme combinent une lutte contre l’austérité qui, pour radicale qu’elle puisse apparaître, au moins dans les mots, reste néanmoins dans le cadre du « contrat » salarial – établi au niveau de l’état – avec un « populisme » lié politiquement à une souveraineté et une citoyenneté « nationales ». Ces nouvelles formes du réformisme peuvent, parfois, mobiliser des fractions de notre classe. Mais l’expérience de Syriza en Grèce a montré leur impasse.
C’est pourquoi préparer notre classe à des confrontations majeures contre l’exploitation, afin d’entraîner l’ensemble de la société vers le communisme, sans une stratégie qui mette en avant la lutte contre le racisme, contre le nationalisme et le régime des frontières, serait le plus court chemin vers la défaite. Notre tâche est de favoriser aujourd’hui les formes de lutte, d’organisation et de conscience qui ne font pas cette impasse.