Toutes et Tous à Menton le 16 décembre !!!

Il y a bientôt deux ans, nous étions avec les migrants des milliers à Calais, pour crier haut et fort : laissez les partir ! Ouvrez la frontière ! Des milliers de Soudanais, Afghans, Erythréens, Subsahariens…, vivant dans des conditions déplorables, dans la « jungle », guettant l’opportunité d’un camion mal fermé, d’une place dans un bateau pour rejoindre l’Angleterre, quitter cette France qui les confinait derrière de hautes grilles et des kilomètres de barbelés !
La jungle fut démantelée, rien n’a changé depuis sauf pour de rares chanceux qui trouvèrent le moyen de passer. Les migrants sont toujours là, errant le long des côtes, cachés, persécutés, cherchant toujours un passage au péril de leur vie.
Aujourd’hui c’est vers Menton que nous voulons remplir des bus, de Paris comme des régions qui seront nombreuses à participer à cette manifestation à la frontière Italienne ( de Grenoble, d’Annecy, de Montpellier, de Lyon, de Valence ). Mais cette fois c’est pour crier haut et fort : laissez les entrer ! Ouvrez la frontière !
Mais dans quel monde vivons nous ??? Qui marche sur la tête ??? Combien faudra-t-il de milliers de morts pour qu’il retrouve la raison ??? Pouvons nous supporter plus longtemps cette Europe forteresse qui s’entoure de murs toujours plus hauts, toujours plus longs, pour garantir que notre vie ne sera pas troublée. « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde » disait Rocard, mais non sans rajouter, ce qui est toujours passé sous silence, que « nous devons quand même en prendre notre part, » ce qui n’est même pas fait, et loin, loin s’en faut !
Si l’on en croit les statistiques de l’INSEE, en 2015 80075 demandes d’asile ont été enregistrées à l’OFPRA. Quand on connaît le parcours du combattant que représente un dépôt de demande à l’OFPRA, il faut déjà être sur le territoire, ce qui s’avère le plus difficile au vu de la fermeture des frontières, avoir les contacts adaptés qui pourront préciser où il faut se rendre, faire des heures et des heures de queue chaque jour avant d’être reçu, etc… la démarche en elle même est dores et déjà très sélective. Mais sur les 80075 demandes enregistrées, seulement 19506 décisions d’accord furent prises par l’OFPRA et la CNDA, c’est à dire moins de 1 personne sur 4. Et il s’agit pour la plupart d’êtres humains qui ont risqué leur vie, traversé mille périls, perdu de nombreux proches pour en arriver là. Est-ce cela « en prendre notre part »?
Si l’on sait qu’ environ, sur les 8,8% d’immigrés que compte la population française, plus d’1 sur 2 vient d’un pays européen, on se rend vite compte que la part laissée pour l’accueil des plus déshérités n’est que la part du pauvre ! Combien de temps allons nous tolérer que cela soit fait en notre nom et soi-disant pour nous protéger ???
S’est-t-on posé la question de savoir pourquoi Ils arrivent ? Ils, elles arrivent de plus en plus nombreux, à tout âge, encore enfants pour certains. Qui a envie de quitter sa famille, son village, sa maison, tout ce qui lui est cher pour partir sur un radeau de fortune traverser la Méditerranée ou bien s’aventurer dans les chemins escarpés de montagne, de nuit, sans guide, avec la peur constante d’ être aperçu par la police ? Ont-ils elles le choix ? Partir c’est risquer sa vie, des dizaines de milliers l’ont perdue, rester c’est mourir à coup sûr, sous les bombes impérialistes, ou bien de la faim lorsque le sol est devenu trop sec pour nourrir le village et que toutes les ressources naturelles ont été épuisées par les anciennes puissances coloniales !
Certes l’opinion publique s’émeut, de temps en temps, lorsque la photo du petit Aylan échoué, noyé, sur une plage, est diffusée dans le monde entier où lorsqu’un film paraît sur les écrans de télévision nous montrant un marché aux esclaves en Lybie.
On ne peut guère, en l’occurrence, ne pas souligner l’hypocrisie des dirigeants Européens et tout particulièrement celle de Macron lors de ces déclarations indignées de crime contre l’humanité alors qu’il était parfaitement au courant de ces trafics, dénoncés auparavant déjà par Human Rights Watch, et qu’il dépense des millions d’Euros pour que les pays comme la Turquie ou la Lybie s’organisent pour parquer les migrants qui, ainsi, n’atteindront jamais nos frontières.
Le sens commun frissonne … les consciences sont titillées, un peu, mais pour combien de temps ? Très vite l’opinion cède aux harangues du gouvernement qui affirme que « la sécurité est la première de nos libertés » et que le danger terroriste impose la fermeture de nos frontières et la chasse aux migrants.
Non content de faire la chasse aux migrants, le pouvoir s’en prend désormais à leur soutiens… Le délit de solidarité entre dans l’arsenal judiciaire et des citoyens sont inculpés pour le seul fait d’avoir porter secours à des migrants affamés et blessés. Les habitants de la vallée de la Roya sont ainsi condamnés pour assistance à personne en danger ! Dans quel pays vivons nous ??? Allons nous supporter cela sans nous révolter ???
Une loi est en préparation qui va sortir incessamment. Une circulaire du ministère de l’intérieur aux préfets est parue le 20 novembre 2017. La politique anti-migratoire y est totalement décomplexée : il s’agit tout simplement de systématiser les expulsions. Les cibles principales sont les personnes déboutées du droit d’asile, les demandeurs d’asile dublinés et les travailleurs sans papiers. Les OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) vont pleuvoir ! Il est question de fermeté et d’efficacité pour assurer l’éloignement des étrangers en situation irrégulière, des mesures utilisées pour de rendre l’éloignement EFFECTIF . Selon la même circulaire : « Les services « étrangers » ont été renforcés à hauteur de 150 équivalents-temps-plein dont une partie sera consacrée à la conduite des procédures d’éloignement. 200 places de rétention supplémentaires seront effectivement rendues disponibles au cours des prochaines semaines et le recours à un moyen aérien dédié est une possibilité ouverte à toutes les préfectures. Le panel des aéronefs utilisables pour des missions d’éloignement a été élargi au cours de ces derniers mois. »
La vie est belle !!!
Si l’on réalise que les 2/3 de la population mondiale sont dépourvus d’un droit fondamental, le droit de circulation et d’installation, on ne peut que se révolter ! !
Pour dire « ça suffit », pour mettre fin à l’acharnement contre les migrantEs et aux discours politiques racistes et sécuritaires qui gangrènent toute notre société nous manifesterons tous et toutes à Menton le 16 décembre, à Menton où les migrants se font gazer sur les rochers et repousser à la mer parce qu’ils souhaitent entrer « chez nous. »
Accueillons les comme il se doit !!! Ouvrons les frontières !!!
Martine Tessard, le 6 décembre 2017