S’il est une qualité que l’on peut reconnaitre à la bourgeoisie, c’est qu’elle sait percevoir ses ennemis et flairer le danger. Que Gattaz et consort tournent en boucle sur les « grèves politique » est un indicateur. Pres qu’un point de repère stratégique. Ce n’est que parce que nous assumeront le caractère politique du mouvement en court, que nous pouvons espérer gagner.
Un seul objectif : dégager Macron !
Nous ne gagnerons pas chacun de son coté, contre une loi, contre un bout du monde de DRH et de CRS que nous promet Macron et sa clique. On ne peut vaincre que si nous attaquons, chacunE depuis nos front de lutte patiemment ancrés dans les réalités multiformes de notre classe, celui qui est à la fois la pierre angulaire du projet de la bourgeoisie française (et plus largement européenne), et son maillon faible : le président le plus mal élu, le plus illégitime de cette Vème république pourrie jusqu’à la moelle.
Que l’on soit cheminotE , étudiantE, travailleuSE « sous alias » sans papier ; Aide soignantE activiste d’un collectif de solidarité au migrantEs ; expulséE de la ZAD ou de son logement ; usageRE solidaire des fonctionnaires ; une maman qui veut que ses enfants puissent aller à l’université ou une maman dont le fils a été embastillé, torturé, violé ou tué par un fonctionnaire de Police ou un maton ; un juge, un avocat, unE travailleuSE de l’asile qui refuse que l’on s’enfonce encore un peu plus dans l’arbitraire : nous avons touTE quelque chose à gagner contre Macron et son monde de sélection.
Contre la loi ferroviaire, contre la loi « Asile /Immigration 0 », contre la loi ELAN sur le logement, contre la casse du statut de fonctionnaire, contre un licenciement politique, contre la réforme de la Justice, pour défendre la ZAD, les services publics et le droit aux études pour touTEs, pour la justice et la vérité. Pour la dignité. On est touTEs dans le même bateau, on s’en sort ensemble, ou on coule tous ensemble. Même Macron, même combat !
Politiques, donc antiracistes et antifascistes
Il ne pourra y avoir de victoire partielle contre ce pouvoir qui nous a déclaré la guerre totale. Macron engage l’épreuve de force car c’est la seule option de la bourgeoisie. Sa fuite en avant antisociale, raciste, autoritaire et maintenant guerrière ne prend même plus la peine de se vernir de « politique » (à la sauce politicienne) ni de « débat démocratique » (à la sauce parlementaire). Et quand les efforts redoublés d’un parlement aux ordres et de médias le doigt sur la couture n’arrivent plus à matraquer le message présidentiel, il n’y a plus de « pédagogie » qui tienne, on envoie CRS, gendarmes mobiles et/ou escouades fascistes.
Ce pouvoir élu pour soit disant « faire barrage » à Marine Le Pen applique son programme. Il entend faire voter une loi tellement d’extrême droite que face aux clones hallucinés qui forment la colonne des députés En Marche, même Jacques Toubon, tout juste humaniste conséquent, passe pour un dangereux gauchiste quand il leur rappelle que les droits fondamentaux ne se négocient pas en fonction d’un prétendu « principe de réalité », que « la dignité humaine, ça n’est pas dans l’éther mais sur les trottoirs du boulevard de la Villette ». Ce pouvoir misérable, qui se sait illégitime malgré les vernis de légalité (qui craquent de plus en plus), s’appuie sur les groupuscules fascistes pour déloger des amphis occupés, lesquels groupes fascistes travaillent main dans la main avec les flics et les dignitaires du régime (présidents et profs d’université, préfet de police,…). Ces mêmes groupes ultra violents ouvrent des locaux ayant pignon sur rue, d’où ils organisent ratonnades et attaques contre les militantEs, sans aucune réaction de celui qui se présentait comme un « rempart » contre le fascisme. Ce pouvoir abject poursuis des activistes au nom d’un prétendu « délit de solidarité », mais laisse les milices fascistes parader dans les Alpes. Il ne pourra y avoir de victoire qu’avec une claire conscience antiraciste et antifasciste, une prise en charge concrètes de ces questions par le mouvement, dans son ensemble.
Freed from desire !
Macron est faible, les puissants fébriles. Quand la répression amplifie la mobilisation qu’elle pensait tuer dans l’œuf sur les facs ; quand plus aucun institut de sondage n’ose demander si on soutient la grève des cheminotEs ; quand s’élargissent les grèves, que même les cadres se rebiffent, que des « militaires commencent à réfléchir sur la pertinence de leur engagement dans une mission ambigüe dans sur le résultat à atteindre » comme l’écris (sans rire) l’association « Gendarmes et citoyen » (sans rire non plus) à propos de Notre Dame Des Landes ; quand s’amplifient les fronts de luttes contre les loi ELAN et « Asile /Immigration 0 », il faut être aveugle comme un éditorialiste du Figaro, ou Jupiter lui-même, pour penser que ça ne « prend pas », ne pas voir qu’il se passe quelque chose.
Non nos « colères » ne « coagulent » pas. Par contre, nos luttent s’enracinent et nos fronts de bataille s’articulent en un plan stratégique commun : virer Macron, son gouvernement, ses lois, sa guerre, sa politique. Le combat est politique, donc total, l’issue le sera aussi.
Ni « lutte finale », ni « mère des batailles », l’affrontement actuel contre Macron n’en est pas moins décisif. Héritière du long printemps 2016, forte des expériences accumulées depuis, l’explosion actuelle porte en elle une dimension directement politique qui, si elle s’exprime pleinement, devrait permettre que se pose concrètement la question du pouvoir. A une échelle inédite en fRance depuis au moins 1968… Et ce n’est qu’un début !
TPP, 20 Avril 2018