Urgence antifasciste et antiraciste, développons l’autonomie de notre classe

Les Cahiers d’A2C #16 – MARS 2025

L’arrivée de Trump au pouvoir sonne comme une ultime alerte face à la menace fasciste et à l’intensification des tensions impérialistes dans le monde. Ses premiers discours sur ses ambitions internationales rompent avec l’illusion isolationniste qui lui était prêtée. Le Groenland, le Canada et le Panama figurent parmi les premières cibles affichées des États-Unis. Quant à la bande de Gaza, Trump la considère comme un simple projet immobilier, assumant totalement une politique d’élimination de la population ou de déportation vers la Jordanie ou l’Égypte.

Trump n’est pas fou, les capitalistes américains non plus, ils sont seulement déterminés à ce que la puissance qu’ils dirigent reste la première économiquement et militairement dans une concurrence qui s’intensifie entre États et blocs d’États. La compétition n’est pas nouvelle, mais elle s’accroît et les classes dirigeantes du monde entier vont accentuer leur course à l’autoritarisme et la militarisation. Voilà pourquoi le capitalisme ne peut se passer du nationalisme, du racisme et des frontières, voilà pourquoi la circulaire Retailleau accompagnée de la suppression du droit du sol à Mayotte (et les menaces désormais de sa généralisation) ne sont que les prémices d’un racisme d’État qui n’aura de limite que celle que notre classe pourra lui imposer par la résistance. Ces attaques des capitalistes français contre notre classe ouvrent la voie aux fascistes qui se saisissent de l’occasion et passent de plus en plus à l’action dans la rue et continuent à se rapprocher du pouvoir, avec le RN qui se prépare aux prochaines élections et augmente chaque jour son influence sur l’Assemblée Nationale et sur Macron.

A Paris, le collectif des jeunes du parc de Belleville qui occupe la Gaîté Lyrique depuis le 10 décembre a été la cible de médias d’extrême droite et de Reconquête. Le 16 février dernier c’est une projection organisée par Young Struggle Paris qui est attaquée par des dizaines de fascistes dont plusieurs membres du GUD. Dans les 2 cas, les attaques ont été repoussées. Les jeunes de Belleville ont répondu par leur nombre et leur détermination et ont su organiser la solidarité autour d’eux et elles en appelant à des rassemblements. Les camarades de Young Struggle ont su réagir face au déferlement de violence et limiter les dégâts et le camarade blessé ce jour-là a tout de suite appelé à « porter l’antifascisme partout »

Les foyers de résistances sont multiples

Les résistances et luttes existent et le potentiel pour faire beaucoup plus est là ! Les 800 000 personnes qui ont manifesté contre l’extrême droite à l’annonce de la dissolution, les millions de grévistes et de personnes qui ont manifesté pendant le mouvement contre le réforme des retraites, les dizaines de milliers de jeunes qui se sont révolté·e·s suite au meurtre de Nahel, les dizaines de milliers de personnes qui partout s’organisent en solidarité avec la Palestine, les collectifs de mineur·e·s isolé·e·s qui s’organisent dans plusieurs villes et se coordonnent avec les jeunes qui occupent la gaîté lyrique occupée, les révoltes contre le colonialisme en Kanaky ou en Guadeloupe. Notre classe a démontré à de nombreuses reprises sa détermination à se battre.
Ces mobilisations s’observent à l’échelle de ce qu’est notre classe, partout dans le monde. Aux Etats-Unis, des foyers de résistance s’organisent face aux attaques notamment contre les immigré.e.s menées par Trump. En Palestine comme au Liban, l’armée israélienne a beau disposer des moyens illimités des Etats-Unis, elle ne parvient pas à remporter la victoire qu’elle espérait tant. En Allemagne, le sursaut antifasciste de ces derniers mois s’est concrétisé par des manifestations massives en février à l’approche des élections législatives : 350 000 personnes à Munich, 250 000 personnes à Berlin, etc. Quel que soit le résultat des élections législatives en Allemagne, la réponse passera par le développement de ce mouvement.

Nécessité d’une politique antiraciste et antifasciste

Face à ces multiples attaques, intervenir sans relâche là où nous sommes pour encourager à l’auto-organisation est essentiel. Dans nos collectifs, sur nos piquets de grève, dans nos facultés et nos quartiers, chaque foyer de résistance est un espace de combat face à l’idéologie dominante. La lutte antiraciste est nécessaire et doit affirmer que notre classe, par la solidarité, se renforce. À chaque tentative du gouvernement de nous diviser, une réponse directe de solidarité doit être apportée.

Dans le même temps, le combat antifasciste est tout aussi crucial. Les dernières élections et l’ascension du RN ont renforcé la confiance des groupes fascistes à agir. Les attaques citées précédemment sont trop courantes et ne peuvent rester sans réponse. Une réaction concrète et immédiate est nécessaire chaque fois que cela est possible et doit se combiner avec un combat antifasciste qui s’attaque directement au RN et au racisme.

Au-devant des combat contre le fascisme et le racisme d’État se trouvent les collectifs sans-papiers et mineur.e.s isolé.e.s auto-organisés. Qu’on en fasse directement partie ou non, c’est auprès de ces collectifs que nous devons nous engager pour assurer un véritable front uni d’action contre le fascisme et le racisme d’État. L’AG de la culture, qui, à Marseille, a immédiatement exprimé son soutien aux occupant·e·s de la Gaîté Lyrique ainsi qu’au collectif Binkadi (collectif de jeunes mineurs non accompagnés) lors de leur expulsion de l’occupation d’une place pour l’accès au logement, est un exemple de solidarité. Son appel à s’organiser pour la manifestation du 22 mars, journée internationale contre le racisme, l’est aussi. Par ailleurs, le nombre important de syndicats, partis (dont LFI), associations et collectifs signataires de la manifestation du 22 mars annonce une grande journée de manifestations.

Notre tâche à toutes et tous sera de faire que ces appels larges se traduisent par la mise en mouvement et l’implication du plus grand nombre dans la lutte. Cela passe par le fait de sa battre activement, où que nous soyons, aux côtés des collectifs sans-papiers pour participer à la construction d’un front uni par en bas. Mais aussi, dans les territoires où l’auto-organisation des collectifs sans-papiers n’est pas encore possible, de tout faire pour rendre les conditions plus favorables.

Faire front tout de suite est notre seul moyen d’agir activement contre la bourgeoisie et les fascistes, d’éprouver l’unité de notre classe, de sentir notre force pour préparer les combats à venir.

Des échéances arrivent, préparons les !

Les occasions de se battre seront nombreuses, toute la question sera celle de la politique et des stratégies qui seront défendues dans le mouvement et à quel point toutes ces occasions seront saisies pour donner les moyens au plus grand nombre de s’organiser pour agir.
Une stratégie développée à A2C depuis longtemps est celle de l’autonomie de classe. C’est-à-dire l’idée que le pouvoir se construit à la base, dans l’action, dans la confiance dans nos propres forces, dans l’élaboration d’une stratégie commune pour gagner. Sans cet autonomie notre classe reste divisée et affaiblie face aux multiples attaques.

C’est pourquoi, et avant tout, nous devons prendre en main les luttes et les échéances à venir, qui sont autant d’occasions de renforcer l’unité de notre classe. Après le 23 novembre et la présence de Nemesis en fin de cortège lors de la manifestation contre les violences sexistes et sexuelles, s’organiser là où nous sommes pour un 8 mars antifasciste a été primordial. Dans toutes les manifestations nous devons être prêts à répondre activement en mettant tout en œuvre pour les sortir de nos manifestations. La préparation du 22 mars est un objectif tout aussi important. Avec la Marche des Solidarités, aux côtés des collectifs de sans-papiers et mineur·e·s isolé·e·s, des centaines d’organisations appellent à prendre la rue partout à cette occasion pour se donner enfin les moyens de riposter. Il nous faudra saisir cette occasion pour construire dans nos lieux de travail et d’étude comme dans nos quartiers un antiracisme par en bas et un antifascisme d’action, pour ne plus reculer car il y a urgence.

A2C – Autonomie de Classe