
Nous traduisons un communiqué des camarades de la Gauche révolutionnaire syrienne1. Des camarades de cette organisation étaient intervenu·e·s en direct de Syrie2 lors d’une réunion publique que nous avions organisée pour discuter des stratégies de libération dans la région, à la suite notamment de la chute de Bachar Al-Assad et du cessez-le-feu en Palestine. Vous trouverez également sur notre site une analyse de la chute du régime d’Assad en décembre 2024.3
La Syrie est à la croisée des chemins et affronte le plus grand danger pour son futur depuis la chute du régime tyrannique d’Assad. L’horreur des massacres confessionnels refait à nouveau surface, particulièrement sur la côte syrienne, menaçant de déchirer la cohésion sociale et de plonger le pays dans un nouvel océan de sang et de ruines. Si cette folie sanguinaire n’est pas stoppée, la mort et la destruction auront raison de ce qu’il reste de la Syrie.
Responsabilités historiques :
Le régime défait de la famille Assad porte la principale responsabilité du cauchemar que notre pays a vécu. Pour autant, les nouvelles autorités portent également une responsabilité de taille par l’impunité offerte aux groupes confessionnels armés, leur persécution des minorités religieuses, et leurs meurtres de civil·e·s, en particulier sur la côte syrienne. Toutes celles et ceux qui expriment des opinions différentes du nouveau régime ne sont pas des fidèles du régime d’Assad. La vérité est plutôt que très peu de dirigeants de l’ancien régime ont été arrêtés, tandis que le meurtre d’innocent·e·s est justifié en les présentant comme des Assadistes, un crime impardonnable.
Escalade de la violence :
Le pays vit une dangereuse escalade de la violence, y compris par le bombardement de civils, l’arrestation d’innocent·e·s, et jusqu’à l’interdiction d’enterrer leurs martyrs. Des chars et de l’artillerie lourde se font voir dans des quartiers résidentiels sous des prétextes fragiles, tandis que des médias communautaires incitent et justifient parfois ces crimes.
Conflit confessionnel : un crime impardonnable
Les conflits confessionnels sont non seulement un crime contre l’humanité, mais aussi le meilleur chemin vers la division du pays et le déchirement de son peuple. Cette folie sanguinaire confessionnelle doit être arrêtée avant qu’il ne soit trop tard. Le meurtre de civil·e·s, quelle que soit leur affiliation (ethnique ou politique) est un crime impardonnable, et le silence face à ces meurtres relève de la complicité.
Nos demandes urgentes :
Nous appelons tous les Syriens et Syriennes à porter leur responsabilité historique en mettant en place des actions politiques immédiates pour arrêter cette folie confessionnelle et pour protéger le pays de sombrer dans une guerre civile dévastatrice.
Nous demandons que les nouvelles autorités prennent leur responsabilité en :
Arrêtant les actions impunies des groupes armés confessionnels
Protégeant les civil·e·s et les minorités de la persécution et de l’oppression
Abandonnant la politique des accusations de trahison et les meurtres sous le prétexte de poursuivre les fidèles du régime Assad.
Nous considérons les médias responsables de l’arrêt de l’incitation à la haine confessionnelle et des discours de haine qui alimentent les violences
Nous affirmons que la seule façon de sauver la Syrie est d’ouvrir un dialogue national ouvert qui reconnaisse les droits et la dignité de tous les Syriens et Syriennes, éloigné des polarisations confessionnelles et de la violence.
Notre message final :
Avant qu’il ne soit trop tard, toutes les personnes responsables de Syrie doivent agir immédiatement pour arrêter ce désastre imminent. Nous n’accepterons pas que les tragédies du passé se répètent, et nous ne plongerons pas dans un nouveau bain de sang. L’unité du peuple Syrien et sa dignité sont des lignes rouges qui ne doivent pas être franchies.
Le meurtre de civil·e·s est un crime impardonnable.
Les conflits confessionnels sont un crime impardonnable.
La Gauche Révolutionnaire Syrienne
7 mars 2025
- Texte de la gauche révolutionnaire syrienne en arabe ↩︎
- Intervention de Samir et Halla (Courant de la Gauche révolutionnaire – Syrie, en duplex depuis Damas) au cours d’un débat : Quelle stratégie de libération au Moyen-Orient? ↩︎
- Article : Syrie, la fin d’un despote : immense espoir mais pas encore la libération ↩︎