Ici Rosa nous présente les caractéristiques de la grève de masse en partant de la révolution Russe de 1905 et ce sans trop s’attacher à la première grève générale tentée en Angleterre en 1842. La grève de masse ne se déclenche pas de manière uniforme et synchrone dans le pays. Celle de 1905 est une conséquence de l’absolutisme tsariste et des massacres de manifestants en janvier 1905. Celle ci revêtira par la suite un caractère de lutte entre travail et capital, prenant un caractère économique et s’étendant de ville en en ville, d’usine en port, de tisseries en mines. Mais c’est bien les questions politiques qui vont mettre en branle les travailleurs, qui vont ensuite s’organiser sur leurs lieux de travail.
Elle s’inscrit dans un cycle de lutte et dans une période révolutionnaire (qui se mesure en année ou en décennies). Ces périodes révolutionnaires permettent l’émergence d’une conscience de classe forte et l’organisation du prolétariat à travers la pratique et la prise de conscience d’oppressions communes (exploitation, pauvreté, logement). On ne déclenche pas une grève de masse, c’est la base qui le fait au travers d’une matérialisation de l’histoire. Attendre un fort niveau d’organisation est une erreur des « vieux syndicats allemands » (syndicats appelant à la grève mais n’étant pas crée depuis et par celle ci), les syndicats peuvent au mieux s’adapter et guider politiquement la grève (revendications). En effet la grève de masse explose en Russie à un moment où le prolétariat est peu mature. Les objectifs sont économiques (salaire, durée de travail) mais aussi politique (fin de l’absolutisme, parlementarisme, souhait de s’organiser).
Chaque grève générale et période révolutionnaire porte en elle les germes de la précédente et les graines de la suivante.
Comprendre la situation politique au travers de l’analyse de la grève de masse
Après cette brève introduction, la lecture de Rosa Luxemburg semble des plus pertinente dans la période. Le mouvement des gilets jaunes est un mouvement de la base, de notre classe qui déborde les syndicats. La tentative de grève générale du 5 février fut peu relayée par les centrales, celles-ci semblant tenir d’une grève de démonstration visant a redonner une forme de crédibilité aux syndicats qui brillent par leur absence depuis novembre. Dans ce mouvement l’auto-organisation prime d’où l’absence de dirigeants et ce malgré la présence de porte-parole autoproclamés.
Le mouvement s’inscrit dans un cycle de lutte et porte l’histoire de l’ échec de la loi travail. La radicalité y ainsi est palpable et dépasse syndicats et black block. Elle s’exprime par des actions contre les symboles de la classe dirigeante et à visage découvert. Le mouvement de par les rencontres qui s’y font en action ou en AG permet le développement d’une conscience de classe. Celle-ci se retrouve dans la modification de la composition du mouvement (disparition des patrons petit-bourgeois) comme dans les revendications passant du champs économique (pouvoir d’achat, taxe sur les carburant) au champ politique. L’importance du RIC semble amplifiée par le rejet du mépris de classe de la caste dirigeante et par le souhait d’un renouveau du parlementarisme. Le parallèle entre la remise en cause de l’absolutisme dans la Russie de 1905 et les revendications d’aujourd’hui dans les GJ pour plus de démocratie réside dans un ras le bol généralisé et l’absence de point d’appuis pour faire évoluer la situation, ce qui amène à des revendications concentrées sur les questions politique et démocratique.
Sana et Clément