Au fil du mouvement – Arrêter le travail, commencer à vivre !

Chroniques du mouvement contre la réforme des retraites

Le mouvement contre la réforme des retraites a démarré jeudi 19 Janvier 2023. Avec plus de 2 millions de manifestant·es dans toute la France selon les syndicats, cette première journée se situe déjà à un niveau historique. Tout au long de ce mouvement qui s'annonce spectaculaire, nous vous proposons d'en faire ici une chronique militante sous forme de brèves locales après chaque temps fort. Ces retours, forcément subjectifs, permettent de partager expériences et perceptions des dynamiques militantes d'une ville à une autre. C'est donc un appel à contribution : n'hésitez pas à partager vos expériences, nous les publierons ici !

mis à jour le 19/03/23

SEMAINE DU 6 AU 12 MARS

Marseille

Retour sur la journée du 7 mars à Marseille

La journée a commencé tôt, par des piquets de grève appelés par la CGT et Solidaires un dans un dépôt de transports en commun, l’autre au centre de tri chronopost.

Au centre de tri, on a bloqué les entrées et les sorties pendant 4 heures, les salariés de chronopost étaient contents qu’on soit là, ont bloqué avec nous, ça a pu discuter de leurs conditions de travail scandaleuses (voire illégales)

Ensuite, la manifestation était massive!! (245 000 selon la CGT, un chiffre de la préfecture qui ne vaut même pas le coup d’être répété). Le cortège est composé majoritairement de gros cortèges CGT. 

Un point fixe contre la Loi Darmanin a pu être tenu.

Des travailleur.euses du livre en grève ont tenu une table de vente de livres à prix libre pour la caisse de grève, un premier rendez-vous réussi avec une petite dizaine de librairies représentées, une trentaine de personnes qui sont passées au point fixe.

Le cortège Marseille8Mars suivait de près un tout nouveau pink bloc, déter et nombreux en mixité queer/transpédégouines.

On peut par contre déplorer un nombre hallucinant d’arrestations en comparaison avec le calme qui habite nos manifs marseillaises : six arrestations dans la journée (personnes encore gardées à vue aujourd’hui) :

2 lycéen.nes lors d’une tentative de blocage au Lycée Thiers, un autre lycéen lors d’un mouvement qui a viré Alliance du cortège. 

Suite à ces 3 arrestations, un énorme cortège s’est dirigé en manif sauvage vers le commissariat de Noailles suite à la manif (camion de Solidaires présent dans le cortège, proche des flics). Au bout d’un moment la police a chargé violemment et 3 nouvelles arrestations ont encore eu lieu dont un camarade de SUD PTT.

Ce matin (8 mars) ses camarades bloquent le dépôt postal où il travaille et appellent à se rassembler devant le commissariat dès ce matin.

Nîmes

Je milite dans Solidaires etudiant-e-s Nîmes qu’on a monté l’année dernière mais qui a gagné son terrain cette année. Le 7 mars la mobilisation était grande, il y avait environ 23,000 de manifestants dans la rue. On avait fait une AG un jour avant la manif avec d’autres étudiants organisés dans diverses assos et orgas politiques. Et on a fait le premier cortège étudiant le 7. On était entre 50-60.

Le 8 mars était compliqué. Il y a eu des divergences fortes entre l’intersyndicale et les orgas féministes. L’intersyndicale (la cgt surtout) n’a pas permis aux étudiant.e.s et aux femmes de marcher devant.

On continue à se mobiliser et par Solidaires étudiant, les étudiants essayent de se faire inclure dans l’intersyndicale en ce moment. On prévoit une AG lundi ou mardi prochain. Je dois aussi noter qu’on fait nos AG dans la fac, qui est extraordinaire pour le contexte de Nîmes avec une fac qui suit une politique anti-militante.

Rennes

Une nouvelle maison du peuple a été ouverte hier en fin de manifestation, elle offre de bons espoirs, meilleurs que la dernière ouverture il y a un mois. L’enjeu pour nous en toute humilité, est d’en faire un réel lieu de débat, d’organisation de la grève, étant donné que plusieurs actions de filtrages / barrage / piquets de grève sont prévus la semaine pro, et éviter l’enlisement dans une gestion quotidienne chronophage. Peut-être que des retours d’expériences d’occupation de différents endroits en france peuvent être pertinents pour apporter une petite pierre à l’édifice. En tant qu’a2c rennes, nous sommes convié·es à y proposer un débat, atelier ou autre lecture collective. Demain soir nous allons réfléchir en réunion locale à ce que nous pourrons proposer. Des activistes du mouvement ont l’air prompts à dépasser le seul folklore qui a pointé le bout de son nez hier, et à proposer un réel espace de débats. Sachant qu’il n’y a pas de bourse du travail à Rennes.

Paris

A Paris, des milliers de tracts ont été distribués par les collectifs de sans-papiers et la Marche des Solidarités, le syndicat Solidaires, les travailleurs sans-papiers en grève de Chronopost et DPD et d’autres collectifs et organisations qui se mobilisent contre le projet de loi Darmanin. Une goutte d’eau parmi les 700000 manifestant·e·s, mais un espoir pour tout le mouvement ! Il y avait aussi des cortèges interprofessionnels notamment du 20ème et 18ème à Paris et de Nanterre ! Ensemble pour appeler à se mobiliser largement contre le racisme et la loi Darmanin dans la rue le 25 mars à l’occasion de la journée internationale contre le racisme !

Le point fixe organisé sur le parcours puis le départ en cortège nous a permis de constater un large soutien de nombreu·x·se·s manifestant·e·s au combat contre la loi Darmanin et à la lutte des sans-papiers pour la régularisation et l’égalité des droits ! Les cortèges des Rosies et d’Attac, les nombreux cortèges de lycéen·ne.s, étudiant·e·s ont appelé avec nous à se mobiliser activement contre ce projet de loi raciste.

Il faut politiser le mouvement, encourager l’auto-activité, convaincre que l’unité ne tiendra pas si elle ne se fait pas contre le racisme.

L’unité par en haut est faite sur la seule opposition au projet de réforme des retraites, l’unité par en bas doit se faire contre le racisme, voilà pourquoi l’opposition massive au projet de loi du ministre Darmanin contre l’immigration est une nécessité pour tout le mouvement.

Paris 18e

Plus d’une centaine de personnes (militant.e.s syndical.e.s, politiques) se sont rassemblées vendredi 9 mars devant le Monoprix de la rue du poteau. L’appel venait des militantes CGT du magazin qui se battent depuis plusieurs mois pour l’amélioration des conditions de travail et des augmentations de salaire. Résultat des courses : magazin fermé ! Cette mobilisation en pleine lutte contre la réforme des retraites met en valeur l’articulation nécessaire entre luttes sur les lieux de travail et luttes plus globales. Confiance et solidarité, on continue ! 

SEMAINE DU 27 FÉVRIER au 5 MARS

La semaine qui s’annonce est celle de la préparation des 2 dates de mobilisation appelées par l’intersyndicale le 7 et le 8 mars. Elles ont pour but de continuer à tenir le rapport de force face au gouvernement en passant un cap supplémentaire: lancer une grève reconductible à partir du 7 mars, en s’appuyant sur la date du 8 mars, construite depuis plusieurs mois par les collectifs féministes. Ces deux dates consécutives de grève sont une chance mais elles ne seront pas suffisantes pour faire plier le gouvernement. Alors, que devons-nous faire d’ici au 7 mars ? et après le 8 ? Quelles idées défendre dans le mouvement pour le renforcer et espérer gagner ?

Suite à la réunion mensuelle des différentes antennes d’A2C, voici les éléments qui sont ressortis de nos échanges:

  1. Le rejet de la réforme est massif et dépasse la stricte question des retraites. Élargir les thématiques et les mots d’ordre du mouvement ne doit pas nous faire peur. Qu’il s’agisse de la question antiraciste en poussant pour une opposition massive à la loi Darmanin ou de la question féministe en posant la nécessité d’être des centaines de milliers dans la rue le 8 mars pour la grève féministe. Convaincre de ces questions politiques participe de ce qui nous permettra de gagner car il nous faut un mouvement capable de faire vaciller le pouvoir et pour cela il nous faudra l’ensemble de notre classe, unie, pour défendre ses intérêts au sens le plus large qui soit.
  2. En effet, au-delà de l’aspect économique de cette réforme, la classe dirigeante a bien en tête  l’enjeu profondément politique de celle-ci et sa dimension décisive pour les années à venir. Tenir bon, assumer le poids économique des grèves et ne pas céder face au mouvement, voici le nouveau quoiqu’il en coûte de Macron qui a pour objectif de défaire les velléités d’organisation de notre classe. Contrairement à ce qui peut parfois être énoncé par certain.es dans le mouvement, cette réforme n’est pas injustifiée du côté du capital : la crise des taux de profits et la nécessité de rester compétitif au plan international sont autant de nécessités pour ne pas reculer.
  3. C’est pourquoi pour gagner, nous ne pouvons pas nous reposer seulement sur quelques secteurs stratégiques qui font grève. Il faut étendre la grève partout où cela est possible, dans l’ensemble des secteurs et ce peu importe leur impact direct sur le blocage de la production. Car l’enjeu pour faire trembler le gouvernement ne se situe plus seulement dans la quantité d’argent que les capitalistes perdront dans cette bataille mais bien plus dans notre capacité à se penser comme contre pouvoir et pour cela, aucun raccourci possible. Il nous faudra expérimenter et multiplier des assemblées, des cadres de discussions et de décisions qui augmenteront notre confiance collective.

Alors d’ici au 7 mars et pour les jours/semaines qui suivront, agissons partout où nous le pouvons pour encourager les cadres de discussions, de formations et d’auto organisations dans nos quartiers, nos lieux de travail, nos syndicats et collectifs. Argumentons sur les questions antiracistes, féministes etc. Donnons-nous confiance en tractant, en collant, en nous réunissant au-delà des journées de mobilisation. 

SEMAINE DU 13 AU 19 FÉVRIER

À Toulouse, la mobilisation contre la loi Darmanin continue

Jeudi, on était autour de 30 personnes et nous avons décidé de faire de nouveau un cortège avec la banderole “Même Macron, même combat”. On n’était pas très nombreux.se.s au début, mais petit à petit des nouvelles personnes sont arrivées. Ensuite, nous avons de nouveau rejoint le cortège de la jeunesse et de la fac du Mirail. Iels ont repris nos slogans dans leur animation, ce qui a donné beaucoup d’énergie et de visibilité. 

Pendant l’assemblée, nous nous sommes réparti.e.s plusieurs tâches et avons fait des groupes de travail. Le but est de donner de plus en plus de visibilité à la lutte contre cette loi, de diffuser l’information, de discuter dans nos groupes, collectifs, quartiers, locaux de travail, etc. Une des tâches était d’aller à plusieurs assemblées autour de la question des retraites pour amener le débat sur les dangers de cette nouvelle loi sur l’immigration, pour toustes les immigré.e.s, avec ou sans papiers, et pour toustes les travailleur.se.s., en faisant le lien avec toutes les luttes : retraites, féministe, travail précaire, chômage, etc. Un groupe était allé à l’assemblée étudiante au Mirail et un autre à un événement syndical féministe organisé à la bourse du travail. 

L’information se diffuse, de plus en plus des gens commencent à percevoir le lien et à réaliser que la réforme des retraites est la pointe de l’iceberg, qu’il faut lutter sur tous les fronts et faire reculer ce gouvernement. 

Un tournoi de foot est aussi en train de s’organiser et un groupe de soutien aux habitant.e.s d’un squat de personnes sans papiers. Leur lieu de vie a pris feu la semaine dernière et un réseau de soutien se met en action. 

Pour le mouvement féministe, une manif radicale de nuit s’organise pour le 7 mars. Un appel à toustes les féministes a été lancé pour participer à l’organisation de cette manif ! Dimanche prochain et le dimanche suivant, il y aura des ateliers d’animation et de création de banderoles et de slogans ; des partages de connaissances militantes pour créer du lien et de la confiance. Tout cela en vu d’occuper les rues de Toulouse la soirée du 7 mars avec de la joie, et de la colère aussi !

À Brest, les militant-es commencent à se mobiliser

Des retours de mon amie de l’UCL qui pousse localement, sur la base de nos discussions à a2c sur l’importance cruciale de cette lutte, et grâce au tract et à l’argumentaire de la marche des solidarités. 

Mercredi soir, comme à Rennes, une réunion contre la Loi Darmanin avait lieu. Organisée par l’ADE (Aide aux Droits des Étrangèr·es), il y avait une quinzaine de personnes (surtout des asso). 

Iels ont acté d’une manifestation locale le 25 mars contre la loi et le racisme. 

Leur programme : 

1er mars : prochaine réunion inter collectif

7 mars : cortège contre la loi Darmanin dans la manif 

Le 18 ou le 11 : événement public rencontre conviviale dans un centre social pour ouvrir la discussion contre la loi

Le 25 : manifestation à Brest (même si au départ l’ambiance était plutôt à rejoindre la manif rennaise, finalement il a été décidé d’en organiser une localement). 

C’est super, la dynamique locale est lancée. Iels vont sortir un tract local en s’inspirant du tract de la MDS.

À Albi, une manifestation massive ce jeudi mais pas de visibilité contre la loi Darmanin 

On était, comme on pouvait s’y attendre, vraiment beaucoup : on n’avait jamais vu autant de monde à Albi ! Selon l’intersyndicale, il y aurait eu 55 000 personnes, et 10 000 selon la préfecture du Tarn. 

Tous les syndicats et orgas habituelles étaient présent-es : cortège des gros camions Enedis, tracteurs, un petit cortège Alliance…et autres keufs dans la manif. Parmi les consignes de la CGT, il y avait celle de ne surtout pas scander de trucs antiflics. On a scandé des slogans antifas (mais contrairement aux manifs précédentes, sans nommer directement Patria Albiges). 

En tous cas, il n’y a toujours de cortèges ou de pancartes faisant référence à la loi Darmanin. J’étais peu organisé•e alors pour la pancarte que j’ai faite, j’ai choisi d’inclure plus largement tous•x•tes les personnes oublié•x•es qui n’ont pas de droit de cotiser à la retraite tout court (travailleur•x•euses en ESAT, prisonnier•x•es, sans pap, putes, personnes sans emploi bénéficiaires ou non d’allocations etc). 

À Nantes, une mobilisation moins forte et dynamique samedi contre la loi Darmanin 

Lors de la manif du 18 février – contre la loi darmanin et les CRA – il y a eu 3 prises de paroles. La première venait du collectif anti-cra de Nantes, alliant à la fois la lutte contre le projet de construction du CRA à Nantes et contre la loi Darmanin. Une deuxième de l’interorga qui a beaucoup parlé des conséquences qu’aura la loi Darmanin si elle passe. Et une 3ème prise de parole de Solidaires, en solidarité à tous·tes les sans-papiers, pour la régularisation de tous·tes et contre la loi anti-immigration. 

D’après les observations de plusieurs personnes, on était entre 200 et 500 personnes. C’était un peu particulier parce que personne ne connaissait le parcours, c’était difficile de s’accorder sur la stratégie à adopter pour choisir par où passer (les manifs à Nantes ne sont d’ailleurs jamais déclarées). Il y a aussi eu plusieurs tensions entre les autonomes et la LDH, du coup les slogans n’étaient pas toujours très suivis et peu entraînant…c’était un peu lourd comme ambiance. Un bilan un peu mitigé donc…

Un appel a été lancé pour une contre-manifestation antifasciste la semaine prochaine à St Brevin les Pins car les fascistes de Reconquête – avec le soutien de Gilbert Collard et d’autres groupes fascistes – organisent une manifestation contre l’ouverture d’un CADA dans cette commune.

À Rennes, la mobilisation contre la loi Darmanin commence à montrer ses preuves 

Comme on le supposait, on était moins que les autres mobilisations ce jeudi, en raison des vacances et de la focalisation des communiqués syndicaux sur la grève reconductible du 7 mars. Les cortèges syndicaux étaient encore super nombreux malgré tout ! On était 12 000 en tout environ. 

Avec quelques personnes, on a tracté contre la loi Darmanin. Ce qui était super et différent des autres fois, c’est qu’il n’y avait pas seulement des camarades d’A2C ! Les réunions inter-collectifs contre la loi Darmanin permettent de créer du lien et d’autres personnes ont tracté suite à ça. Très bonne réception des tracts dans la manif en général, certains commencent à dire « ah oui, j’ai eu le tract la dernière fois/j’en ai un peu entendu parlé ». 

Le cortège féministe était très animé, comme d’habitude. 

Il y a eu beaucoup d’arrestations (47 ou 57, mais la grande majorité a été relâchée directement) en raison de débordements de militants du block sur la voie ferrée. 

En passant près des voies ferrées, les conducteur-ices de train ont klaxonné la manif en soutien !

À Marseille, un point fixe pour donner plus de visibilité à la lutte contre la loi Darmanin 

Comme souvent, les vacances scolaires ont eu des effets visibles sur la manifestation du jeudi 16 février. Mais cette baisse de mobilisation (90 000 contre 140 000 samedi dernier, selon l’intersyndicale) n’est pas synonyme d’une moindre détermination : les cortèges syndicaux étaient encore très nombreux, les secteurs du transport restent mobilisés (docks, aéroport, rtm…) et les syndicats de l’enseignement étaient présents malgré les congés.

Un cortège de jeunes très visible s’est constitué derrière une banderole « 13 énervé.e.s », entonnant des slogans contre la réforme des retraites mais aussi contre l’extrême droite. On a aussi pu lire des revendications écologistes sur les pancartes.

Un cortège féministe perdure à chaque manifestation répandant des slogans féministes du Vieux Port à la Porte d’Aix.

Plusieurs camarades ont décidé d’établir un point fixe sur les quais, distribuant boissons chaudes et tracts contre la loi Darmanin. Cette stratégie a été plutôt efficace puisqu’elle a permis à tout.es les manifestant.e.s de passer devant la grande banderole « Contre les C.R.A et la loi Darmanin, manifestons le 18/02, 14h, métro Bougainville ». Pendant que certain.es tenaient le point fixe, d’autres allaient tracter dans les cortèges pour appeler à la manifestation de samedi et tenter de faire le lien entre des réformes qui attaquent les travailleur.ses dans leur ensemble.

Deux jours plus tard s’est donc déroulé la manifestation contre la loi Darmanin et pour la fermeture des CRA. Environ 300 personnes se sont retrouvées au métro Bougainville. Le cortège a pu se rendre devant le CRA pour une série de prise de paroles contre les enfermements, dont une personne prisonnière dans le centre de rétention qui a pu s’exprimer grâce à un appel retransmis. Ce moment s’est conclu par un cri collectif : « Freedom, Houriya, Liberté ! » rythmé par la clameur des prisonniers. La manifestation s’est poursuivie jusqu’à la Porte d’Aix, jalonnée par des slogans antiracistes et antifascistes : « Des papiers pour toustes ou pas d’papiers du tout! » ou « contre les frontières et contre les fascistes, solidarité antiraciste! »


Sur les 11 et 7 février

Après les mobilisations du 19 et du 31 janvier, un appel à la mobilisation avait été lancé pour massifier le mouvement autour du 7 et du 11 février 2023. En s’inscrivant dans la durée, les revendications ne concernent pas uniquement la réforme des retraites mais s’élargissent face aux attaques sociales, racistes, sexistes du gouvernement en place. Pour une vision globale de la situation politique, retrouvez ici un aperçu du mouvement de l’intérieur grâce aux témoignages et aux expériences de camarades présent.e.s dans plusieurs villes investi.e.s dans les luttes féministes et antiracistes.


TOULOUSE

À Toulouse, 23 000 manifestant.e.s selon la police, 80 000 selon la CGT. J’ai eu l’impression qu’on était moins nombreux.se.s pour cette manif, mais encore une grosse présence syndicale, des partis et un cortège très animé de la fac du Mirail, avec la présence des plusieurs organisations de la jeunesse. Il y avait aussi pas mal des revendications féministes exprimées par des slogans, des pancartes et des autocollants.

Suite à l’assemblée générale de la semaine dernière pour organiser un mouvement contre la Loi Darmanin, nous avons pu organiser un cortège contre cette loi, avec une banderole “Sabotage ! Des retraites, loi anti-immigration : Même Macron, même combat”.

Nous étions autour de 15/20 personnes engagées à ce cortège. Nous avons distribué des tracts en parlant du danger de la loi, distribué et collé des autocollants, chanté des slogans de la Marche de Solidarité avec beaucoup de force et d’enthousiasme ! Le cortège a attiré pas mal d’attention, plusieurs personnes sont venues nous parler, poser des questions et prendre des photos de la banderole. Le retour a été très positif et nous avons perçu du soutien de manière générale. Cela nous a donné la force pour continuer à organiser ce cortège pour les prochaines manifs et des assemblées pour attirer plus de monde.


LE HAVRE

Avec un petit groupe de camarades, nous nous sommes retrouvé.es avant la manif pour déambuler joyeusement et en musique. La cornemuse nous a donné une bonne visibilité et nous avons été bien reçu.es par la plupart des gens. Nous en avons profité pour tracter pour ce jour et le prochain, sur un marché ainsi que dans le centre commercial du centre-ville avant de rejoindre les manifestant.es à l’hôtel de ville. Les personnes étaient réceptives au tract et au besoin de manifester, nous sentons le soutien de quasiment tous.tes.

Le collectif Nous Toutes était présent et a commencé à distribuer les tracts en vu du 8 mars.

La manifestation est partie vers 14h30 et a rassemblé entre 15 et 20 000 personnes, ce qui représente 2 fois plus que la marche aux flambeaux de mardi soir et 1/3 de moins que la marche du 31. Même si nous étions moins nombreu-ses, la motivation et la dynamique du mouvement ne faiblit pas (c’est aussi le début des vacances dans cette zone). L’ambiance était au rendez-vous, et les cortèges animés. La manifestation s’est terminée vers 16h15, autour des tambours, nous sentions l’envie de continuer!


MARSEILLE

A Marseille, on s’organise contre la loi Darmanin ! Mardi dernier, une assemblée de 50 personnes nous a permis d’échanger sur les idées d’actions, de tractages contre la nouvelle loi immigration. Pour samedi, on a décidé de construire, en lien avec un collectif de personnes précaires qui tentent d’organiser les personnes dans les emplois précaires comme la restauration et le bâtiment et sur les questions de logement, un cortège dans lequel on dénonce la loi Darmanin. Au rendez vous avant la manif, le collectif Marseille 8 mars et les étudiant.es nous ont rejoins et ça a formé un chouette cortège avec des chants féministes, antiracistes, anticapitalistes et antifascistes. Tous et toutes les syndiqué.es des cortèges alentours avaient l’air de trouver ça chouette et ça a permis de porter des discours qui ne sont pas ceux des cortèges syndicaux, comme les slogans antifascistes ou antiracistes et féministes. Des actions de collage des boîtes d’interim ont eu lieu sur le chemin, ça nous a donné de la force et de l’entrain. On a tracté pour la manif du 18 février qui partira à 14h du métro Bougainville contre les CRA et la loi Darmanin. Les syndicats ont annoncé 120 000 personnes à la manifestation de samedi, la mobilisation étant en baisse mais on est chaud.es pour le 7 mars. En lien avec l’assemblée contre la loi Darmanin, on essaie de faire le pont avec les syndicats pour tenter qu’ils portent un discours contre les attaques faites aux sans papiers et qu’ils appellent à rejoindre la manif du 18 février. A suivre…

RENNES

A Rennes, ça sent la joie du mouvement qui porte en lui de nombreux espoirs !

Hier à rennes, c’était la plus grosse manifestation depuis le début du mouvement – 40 000 personnes annoncées. Beaucoup de personnes venues de petites villes et des villages environnants, des gens qui s’étaient déplacés spécialement et pour qui ce n’est pas forcément un réflexe de manifester à Rennes ou de manifester tout court ! Une ambiance très électrique et joyeuse, la meilleure ambiance depuis le début du mouvement. Par exemple, dans le cortège féministe, beaucoup de femmes de 45 ans et plus étaient présentes, ce qui n’est pas le cas en général ou pas autant. Pour mobiliser, nous avons créé des bandanas grève féministe, que nous avons vendu à la manifestation de mardi et à celle d’hier. Ils rencontrent un franc succès car nous en avons déjà vendu 400 ! Le cortège féministe, en plus d’être intergénérationnel, se pare de violet et nos bandanas vont se retrouver dans bon nombre d’entreprises d’ici au 8 mars ! Et même sur des poussettes d’assistantes maternelles qui vont accueillir ces bandanas pour montrer le lien entre toutes les personnes qui travailleront ce jour et qui n’auront pas encore eu la confiance de se mettre en grève.

Assemblée féministe de préparation du 8 mars

Le matin deux AG se sont tenues, auxquelles nous avons assistées : la première était une assemblée feministe pour élaborer collectivement des revendications pour le 8 mars 2023, appelée par Nous toutes 35. Nous étions 45, majoritairement des étudiant·es, mais pas uniquement ! Nous avons pu nous mettre d’accord sur une dizaine de revendications telles que la baisse du temps de travail salarié, la PMA pour toustes, une revalorisation en termes de salaires et de conditions de travail pour les métiers à prédominance féminine, des moyens pour en finir avec les violences notamment via la formation et l’éducation etc… après deux heures de discussions, nous étions content·es mais l’envie de poursuivre s’est faite sentir. Nous allons donc réfléchir à proposer une nouvelle assemblée d’ici au 8 mars pour approfondir et élargir nos mots d’ordre. D’autant plus que le 8 mars de cette année sera le lendemain de l’appel à la grève reconductible donc nos espoirs de mobiliser et faire avancer nos revendications féministes dans le mouvement se multiplient !


 NANTERRE

Sur Nanterre on a eu un comité de mobilisation qui s’est bien passé et ça fait plaisir après l’ambiance pourrave qui règne sur la fac. Une bonne proportion d’étudiant.e.s non organisé.e.s et non militant.e.s présent.e.s et qui sont intervenu.e.s plusieurs fois au même titre que les militant.e.s plus aguerri.e.s. Cette confiance est le fruit de l’atmosphère plus apaisée du comité.

J’ai soulevé le point du cortège de demain en soumettant l’idée de se joindre à la marche des solidarités en argumentant un peu sur la loi darmanin et la nécessité d’un front antiraciste ainsi que la combativité des CSP qui ont bravé l’interdiction de manifester en période de confinement. Il a été acté qu’on manifeste avec l’interpro du 92 mais que lorsqu’on arrive au niveau de la marche des solidarités, on laisse ce cortège se glisser devant nous. L’idée était d’avoir une proximité avec la marche et avoir des liens avec tout en manifestant avec l’interpro. Personnellement, sur le moment j’ai trouvé que c’était un bon compromis entre nos deux propositions, d’autant que j’étais le seul à intervenir pour rejoindre le cortège de la marche.


PARIS 20

Soirée contre la loi Darmanin : Plus de 170 personnes dans le 20ème!

Mercredi 8 février dans le 20ème arrondissement de Paris, 170 personnes sont venu·e·s participer à une soirée d’information contre la loi Darmanin !

Les interventions de collectifs de sans-papiers (Collectif Sans-Papiers Paris 20, Droits Devant, Gilets Noirs), d’habitant·e·s solidaires et antiracistes (20ème solidaire avec tou·te·s les migrant·e·s), de syndicalistes (Sud Santé à l’Hôpital Tenon dans le 20ème, le plus grand employeur de l’arrondissement), d’une association afrocaraibenne LGBTQI+ (Diivineslgbtqi+) et d’avocats ont permis de continuer à faire connaître du plus grand nombre les dangers de cette loi raciste. Nombreux et nombreuses étaient ceux et celles qui ont rappelé ce soir-là leur détermination à faire de la lutte contre la loi Darmanin un enjeu du mouvement actuel ! La lutte contre le racisme est une nécessité pour construire l’unité et la solidarité qui nous permettront de gagner contre Macron Borne Darmanin et les patrons.

Images de la soirée ici et


Sur le 31 Janvier

TOULOUSE #2

Ce soir à Toulouse (02/02/2023) : Marche aux flambeaux!

Appel de Solidaires et FSU. Animation de Solidaires avec leur batucada. J’étais avec le Collectif populaire contre l’extrême-droite qui avait un petit cortège avec animation. J’ai vu la présence du NPA et d’autres orgas locales, mais pas la CGT, ni les autres syndicats. 

Je crois qu’on était autour des 1000 personnes, mais je n’ai pas les chiffres officiels. 

Assez sympa, mais pas assez nombreux.se.s je trouve. On a pu faire un bon parcours et l’ambiance était très sympa.

NANTES

Nous étions plus nombreux·ses que le 19, environ 65 000. 

Un cortège féministe s’est formé cette fois-ci, lancée par les féministes révolutionnaires de Nantes, lorsque des ami·es, camarades on voulu traverser la manif pour s’installer en tant que cortège, iels ont dû traverser le cortège très massif de la CFDT et se sont littéralement fait virer de ce cortège, les syndiqué·es forçaient mes camarades à replier leur banderole et à partir. 

Avec des personnes de ma promo à la fac, on les a donc rejoint au niveau du cortège de la CNT, beaucoup plus festif et accueillant ! 

Très vite, alors que nous avions commencé à marcher, nous sommes bloqué·es car la police est devant nous (à la préfecture) et les CRS étaient aussi derrière, donc le cortège étudiant et féministe se retrouve bloqué des deux côtés. D’après des rumeurs, plus ou moins confirmées, la syndiqué.es de la CFDT auraient négocié avec les forces de l’ordre pour les laisser passer devant leur cortège et donc derrière le cortège étudiant et féministe.

Les autonomes équipés de masques à gaz, commencent à lancer des projectiles sur les CRS en les insultant et en se replongeant dans la foule de manifestant·es, on est plusieurs à leur dire de faire attention aux personnes qui les entourent car nous ne sommes pas aussi équipé·es qu’elleux. Les forces de l’ordre nous gazent une première fois, les manifestant·es se dispersent, on ne voit plus rien, ça donne l’impression que le temps est au ralenti. Ensuite on se dirige dans une plus petit ruelle, personnellement je comprends pas vraiment ce qui se passe, mais je m’assure d’être avec les personnes avec qui j’ai prévu de passer la manifestation et on se concerter pour savoir quoi faire. Au bout d’un moment, on nous dit de courir, on échappe à la nasse, les CRS nassent visiblement une majorité des autonomes. 

Celleux qui ont réussi à échapper à la nasse rejoignent la partie des manifestant·es qui ont pu continuer à manifester. On se retrouve à quatre camarades à traverser tout le cortège de la CFDT pour rejoindre le cortège de la CNT, on le traverse en criant des slogans « Nous ce qu’on veut c’est la grève féministe » « Retraite indigne, les femmes en première ligne » certaines personnes nous sourient et d’autres se demandent ce qu’on fait là, mais on reste déterminées à ne pas passer inaperçues dans leur cortège massif.

On rejoint le cortège étudiant, l’ambiance déterminée et toujours aussi dynamique que le 19 de ce cortège nous a fait du bien. Par contre, des suites du gazage, les personnes tenant la banderole féministe au départ sont parties…

Les futures mobilisations locales vont être déterminantes car les gazages ont fait fuir un certain nombre de personnes, à voir si cela n’aura pas apeuré les manifestant.es présent.es d’aujourd’hui.

Aude Pointier, Nantes

RENNES #2

Petit retour rapide de ce qu’il se passe dans la zone sud de Rennes qui regroupe plusieurs quartiers. On y a créée des groupes avec NT35 depuis la rentrée. Chaque quartier construit différemment, selon ses forces et ses envies mais  toujours dans l’objectif de parler et faire connaître la grève feministe du 8 mars et d’essayer de l’organiser depuis ces points d’appui. 

La semaine dernière un couple de camarades du milieu autonome qui habite et tient une cantine une fois par semaine dans le quartier, nous a contacté. Iels voulaient lancer une dynamique de quartier contre la réforme des retraites, notamment en partant de l’école de leurs enfants. La réunion a super bien pris et en un clin d’oeil on se retrouve avec un tract pour appeler à un départ collectif demain depuis notre quartier et une AG samedi matin avant d’aller à la manif. Je crois que c’est la 1ere fois que ça aura lieu dans ce quartier et je suis très impressionnée par la réactivité de tout le monde !


MARSEILLE

La manifestation était massive, comme dans les autres villes encore plus que le 19 janvier !
40 000 personnes contre 26 000 le 19 selon la préfecture, 205 000 contre 140 000 selon la CGT.
De ce qu’on a pu voir, le trajet faisait 3 kilomètres de long, et il y a eu un très long temps entre l’arrivée de la tête de cortège au point d’arrivée et le départ de la queue de la manif (au moins une heure où le trajet était rempli en continu).
La manif était composée de nombreux cortèges syndicaux par secteurs professionnels, venus de Marseille mais aussi massivement des environs (Aix, bassin pétrochimique et portuaire de Fos sur Mer, Martigues etc…). La grève a été particulièrement suivie dans le secteur des transports (SNCF, réseau RTM mais aussi l’aéroport Marseille Provence) et dans les raffineries avoisinantes.
En queue de manif, c’était Solidaires 13 rejoint par un cortège plus hétéroclite (Marseille 8 Mars, Travailleur·euses du BTP autonomes, banderole contre la loi Darmanin…).
De ce cortège est parti un groupe d’entre 50 et 100 personnes pour murer le MEDEF, action réussie à laquelle aucune répression ne s’est opposée.
On a été plusieurs à tracter tout au long de la manif syndicale pour l’AG de la semaine prochaine contre la loi Darmanin. Beaucoup de discussions, la plupart des manifestant·es n’avaient pas du tout entendu parler de la loi, on verra mardi prochain si on a réussi ou non à ramener du monde de cette manière.
En se baladant dans le cortège, on a remarqué que dans tous les cortèges syndicaux, la question des inégalités salariales genrées et de comment les femmes sont en première ligne face à cette réforme étaient portées partout, par contre pas un mot sur les travailleur·euses sans papiers ou sur la régularisation. Ça rappelle la nécessité de construire un rapport de force antiraciste et de convaincre dans tous nos cadres de la priorité de se mobiliser contre cette loi.

De nombreux.se.s étudiant.e.s, personnel de l’enseignement supérieur et de la recherche et les lycées étaient présent.e.s dans les cortèges. Si la plupart se sont rassemblé.e.s de manière traditionnelle  c’est à dire par lycée ou par campus, une organisation se met en place depuis quelques semaines sur le site de la Vieille Charité. Sur ce lieu on retrouve à la fois des étudiant.e.s de l’EHESS, des laboratoires de recherche mais aussi du personnel municipal travaillant pour le musée, du personnel de ménage et de sécurité. L’idée est de créer des espaces et des temps d’organisation ensemble. On a donc organisé, suite à l’AG de jeudi dernier, un petit déjeuner avant la manif du 31 pour discuter et tracter au moment où le personnel commence son service. Des tracts ont été distribués concernant les victoires politiques des travailleur.se.s d’ONET, l’entreprise de sous-traitance qui s’occupe de la sécurité du site. Ce temps a permis d’échanger concernant les conditions de travail et les difficultés à se mettre en grève selon les secteurs (peu nombreux, turn over important, perte de salaire…). Certain.e.s ont manifesté leur enthousiasme sur ce qui se déroulait, les tractages et le temps d’échange devant la Vieille Charité n’ont pas été interrompus. Des contacts de personnes travaillant pour la sécurité du site ont été pris pour qu’ils soient intégrés aux discussions sur la mobilisation. A la Vieille Charité, une majorité est convaincue des effets néfastes de la réforme mais les solutions divergent : certains discours n’ont pas réussi à se faire entendre notamment sur la régularisation des sans papiers, à voir donc comment on peut porter cet enjeu. Une prochaine AG va être organisée en fin de semaine pour continuer à susciter des propositions afin de faire en sorte que la plupart des agent.e.s se mettent en grève (caisse de grève? projections en soutien?).

 Après la manifestation, les étudiant·es qui essayent d’impulser un mouvement à la fac Saint Charles avaient décidé d’appeler à une AG interluttes dans la fac. Le rapport de force est faible mais iels ont quand même réussi à négocier avec la doyenne de la fac pour que tout le monde puisse rentrer, avec ou sans carte d’étudiant·e. Il y avait une grosse centaine de personnes. Les Gilets Jaunes avaient été invité·es, l’AG était donc très hétéroclite mais aucune présence de syndicats. 
On pouvait sentir, surtout chez les gilets jaunes, mais généralement chez beaucoup des personnes présentes, une grande méfiance vis à vis des directions syndicales, une peur qu’elles contrôlent un mouvement qui ne puisse pas déborder, et une volonté d’apporter de nouvelles revendications dans le mouvement, entre autres sur la question de la vie chère. 
Il y avait aussi une forte envie de faire des actions, rapidement et hors du calendrier syndical. Une date d’AG interluttes sur le site de la fac a été actée la semaine prochaine. 
On en a profité pour rappeler le contre-rassemblement à la création d’un local de reconquête et l’AG contre la loi Darmanin mais on sent que sur ce dernier point ça peine à ce que tout le monde fasse sienne cette revendication. 
Après cette AG interlutte, s’est tenue une assemblée entre étudiant.e.s et personnel de la fac. Il y a un consensus évident sur les revendications et des groupes de travail vont être mis en place pour mener plusieurs types d’action (projections, tractage…). Le point qui est le plus revenu concerne la nécessité d’une fac ouverte à tous et toutes, notamment à ce qu’elle reste un lieu de rassemblement et d’organisation et non un simple lieu de passage. Des questions relatives aux conditions vétustes de travail dans l’établissement, de la liberté d’expression et de déplacement (il s’agit de la seule université à interdire le tractage) et de la présence policière dans les facs ont été évoquées. Une réunion ouverte a été programée, avant la prochaine AG interlutte. La nécessité de massifier à travers les différents campus, très éparpillés géographiquement, mais aussi les différents secteurs présents au sein de la fac (hors enseignant.e.s chercheur.se.s) qui permettent le bon déroulement du lieu (personnel de ménage et de sécurité notamment) a été soulevée et sera à l’ordre du jour de la réunion lundi.

Ensuite se tenait dans le centre-ville un comité de grève, impulsé depuis le 19 par Solidaires qui cherche à s’organiser avec d’autres personnes. 
Le cadre et ses objectifs n’est pas très clair, ce n’est par exemple pas annoncé publiquement pour l’instant. 
Dans cette réunion, beaucoup de camarades non syndiqué·es, souvent parce que travaillant dans des cadres éclatés (travailleur·euses du BTP, de l’associatif, de la culture, des petits commerces). 
A cette réunion, des camarades enseignant·es nous ont informé qu’iels avaient voté la grève les 6, 7 et 8 février dans l’intersyndicale enseignante des Bouches du Rhône, pour rejoindre la grève sur ces dates impulsée par les secteurs de l’énergie. 
Pendant la réunion est arrivée l’information de la mobilisation le samedi, grosse méfiance vis à vis de ça et envie de construire la grève générale et reconductible. La question est sur quelles bases et par quelles méthodes l’organiser, on sent à Marseille un écart énorme entre la base des personnes mobilisées et les directions syndicales qui s’appuient très fort sur les gros secteurs clés mais n’ont pas l’air de chercher à construire d’autres  mobilisations. 
A été évoquée informellement la volonté de construire des assemblées de quartiers, mais comment faire qu’elle sortent de l’entre-soi habituel ?


MONTREUIL

HEMA, LA LUTTE GAGNE !

Début décembre, une salariée HEMA vient à l’UL nous fait part d’un entretien préalable au potentiel licenciement. Après l’entretien de 4 personnes, le monsieur a été réintégrée, les 3 femmes se sont faites licenciées. Le motif? Une faute grave pour avoir dansé sur une vidéo avant l’ouverture du magasin.

Les 3 salariées se sont mobilisées. D’abord en parlant de la situation en AG interpro à Montreuil, qui a décidé immédiatement de se rendre dans le magasin pour démontrer qu’on étaient nombreuxses derrière elles ! Nous y sommes retournés dès le lendemain midi. La direction s’est déplacée une première fois, pour finalement remettre des solde de tout compte négatif et demander un temps de réflexion raisonnable. Ainsi après avoir attendu un jour et demi, nous sommes retournés ce midi devant le magasin…

Et après une nouvelle mobilisation ce midi, la direction de HEMA s’est à nouveau déplacée. Un comité d’accueil les as attendus sur l’air de “On est là-même si HEMA ne veut pas!” Cette fois-ci les 3 salariées ont reçu leur dû ! La direction a céder à nos réclamations ! Elles ont obtenues leurs deux mois de salaire, le paiement du préavis et les indemnités de licenciement ! Merci à toutes celles et ceux qui sont mobilisées à leurs côtés ! La lutte paye ! Solidarité Montreuilloise ❤️ Du baume au cœur et un bon week-end, on lâche rien et on se mobilise la semaine prochaine pour la retraite (sans oublier les autres lois qui sont en chemin en ce moment comme la Loi Chômage, la Loi Logement, la Loi Darmanin!)

S-O-L-I-D-A-R-I-T-E 🔥 Merci à tou•tes !

TOULOUSE #1

A Toulouse on était 80 000 en manif mardi 31.02. Les cortèges étaient plus structurés, plus équipés et plus animés que jeudi 19.02. Avec Daniela et Tom on a tracté pour appeler a une AG contre la loi Darmanin qui a eu lieu hier soir. Je me sentais un peu étourdie et désespérée de tracter dans une foule aussi énorme mais sans faire corps avec des camarades pour se chauffer en amont, tracter ensemble et débriefer ensuite. Je ressens aussi de la fatigue – frustration à ne pas réussir à mobiliser mes collègues AED, certaines se mettent en grève mais personne ne vient en manif ni en AG, ni sur d’autres actions. Mon état d’esprit un peu négatif et ma lassitude se sont dissipé hier soir lors de notre première AG contre la loi anti immigration de Darmanin à Toulouse.

ALBI

Nous étions environ 20 000 personnes, plus nombreux•ses que la précédente aussi donc, les mêmes syndicats orgas etc. Pas de cortège antiraciste d’après ce que j’ai pu voir. Mais c’est encourageant en terme de nombre quand même et à suivre le 11 du coup ! C’était aussi un peu plus enthousiaste que la précédente j’ai l’impression plus de pancartes, plus de slogans et de chants. (:


BOOK BLOCK

31 Janvier et suites

À la suite de la manifestation du 19 janvier ou nous avions rencontré d’autres libraires nous avons pu organiser une assemblée générale qui a réunit une vingtaine de personnes où nous avons appelé à un rendez-vous pour faire un cortège dans la manifestation du 31 janvier.

Ce rendez vous fut une franche réussite : une trentaine de libraires ont répondu à l’appel ! Le cortège état très animé, avec une banderole, des slogans autour de la réforme des retraites et d’autres plus spécifiques à notre secteur (« Chez Galimard c’est des crevard ! » ou « libraires en grève c’est super classe ! ») ce qui a donné la pêche a tout le monde et donné envie de renouveler l’expérience et de convaincre plus de collègues a se mobiliser.

Ce cortège bien visible nous a permis de rencontrer d’autres libraires mais aussi d’autres secteurs de la chaîne du livre. Une nouvelle AG a été donc appelée lundi 6 février, ouverte à toutes les personnes travaillant dans la chaîne du livre, dans et hors Paris. L’information a tourné très largement et nous espérons une présence plus massive à cette AG, et la possibilité de lister des revendications propres à notre secteur.

Un nouveau rendez-vous sera fixé pour la manif parisienne du 7/02, mais on essaye aussi de centraliser l’information de tous les rdv dans d’autres villes.

Lundi 6/02, à l’école de la librairie, des personnes vont aller distribuer des tracts pour appeler à l’AG du soir et à la manifestation du lendemain, mais aussi pour tenir une permanence syndicale sur place.

A l’AG sera proposé de faire une tournée de librairies avant d’aller à la manifestation pour essayer de convaincre toujours plus de collègues de se mettre en grève et de se mobiliser.

Le milieu du livre est majoritairement précaire mais surtout très mal rémunéré, il y’a donc un double enjeu à cette mobilisation : pour nos salaires, pour vivre décemment maintenant tout de suite, mais aussi pour nos retraites pour pouvoir en profiter (et dès 60 ans évidemment !).

Hors Paris, la dynamique est différente. À Marseille, il y a beaucoup moins de librairies et très peu de libraires syndiqué·es.

À la manif du 31, un rendez-vous avait quand même été fixé, nous étions 4 dont 3 libraires de villes du département mais hors Marseille.

C’est un début et ce rendez-vous a permis de se rencontrer et de se reconnaître, mais c’est encore faible pour essayer de construire une mobilisation, peu pour aller tracter à la sortie des librairies par exemple.

Pour la manif du 7/02, on n’a pas fixé de rendez-vous local, mais l’invitation à l’AG du 6/02 a bien tourné chez des librairies, éditeurices, et il faut espérer que ça motive du monde localement pour monter un bookblock marseillais pour la manif de samedi !


RENNES #1

Petit retour de l’AG AED (surveillant.e.s) : Alors l’AG a été organisé par solidaires, on était une quinzaine de différents établissements rennais, lycées et collèges. On a commencé par faire un tour de table, pour chaque établissement présent, du nombres de grévistes. On a constaté une très forte mobilisation mais concernant le fait de venir en manif c’est autre chose. On s’est donc dit qu’il fallait reconstruire la confiance dans l’efficacité des manifestations. On a fait un point concernant le droit de grève notamment pour les surveillants de nuits où les CPE peuvent profiter de la méconnaissance du droit du travail ou des habitudes de l’établissement pour obliger les surveillants à faire grève le même soir (légalement les AED de nuit peuvent choisir le soir précédent le jour de grève ou la nuit suivante), un CPE a même dit « quand on est AED d’internat on ne fait pas grève ça met les familles dans la merde »

On a réfléchi à comment s’organiser s’il y a grève reconductible. Je pense perso que les forces ne sont pas prêtes et qu’un jour de grève par semaine est pour l’instant plus tenable au moins pour avoir le temps de s’organiser correctement en terme de caisses de grève etc.

On a finit par la création d’un groupe whatsapp pour se tenir au courant de la mobilisation au sein de chacun de nos établissements, se soutenir, se donner des arguments pour convaincre les autres AED de faire grève et/ou de venir en manif, de rejoindre l’AG. La proposition de faire un cortège AED a été évoquée et semble convaincre, à condition qu’on soit proche du cortège NT35 car c’est le meilleur (c’est pas moi qui l’ai diiit)

Tout cela était très motivant et très réjouissant, hâte à la suite !

LE HAVRE

Plein de monde aussi au Havre (on commencé par une ag intersyndicale enseignante avant de commencer la manif). On était un peu plus que la dernière fois même, et surtout il y avait plus d’ambiance et de motivation.

Franchement je ressors hyper motivée de cette grève, ce qui n’était pas vraiment le cas l’autre fois. Là, les personnes sont plus organisées et déterminées, et ça s’est senti dans la manif ! En plus, je partais pour être la seule à faire grève dans mon école, et finalement 3 AESH m’ont rejoint et une aide pédagogique du collège, ça donne du poids ! Au niveau de la ville, il n’y avait aucun périscolaire d’organisés et c’était repas de grève. Jeudi qui vient, idem. Alors déjà, tout ça m’a motivé, mais en plus l’AESH qui travaille dans ma classe est venue à l’AG de ce matin et on a manifesté ensemble, je trouve ça vraiment chouette (mes collègues n’étaient pas venues manifester le 19 même si elles étaient en grève). Le simple fait d’être 2 à être motivées, ça change la donne !! Et comme plusieurs syndicats ont une caisse de grève pour les AESH, elles ne perdent pas leur journée de salaire (ce qui est vrm juste vu ce qu’elles gagnent) du coup elle est motivée pour continuer 💪 et j’ai croisé d’autres collègues pendant la manif, je sens que ça s’organise bien! 😀


Sur le 19 Janvier

Le bookblock s’organise ! (CGT Libraires)

19 janvier et suites

Lors de la dernière manifestation du 19 janvier avec quelques libraires nous nous sommes retrouvé.e.s pour aller à la manif avec des pencartes : « libraires en grève » c’était déjà chouette de pouvoir manifester avec d’autres collègues mais encore plus chouette d’en avoir rencontré pleins d’autres. En effet nos pencartes nous ont permis pleins de rencontre et a emmerger l’idée d’une liste WhatsApp des libraires en manif. Cette liste WhatsApp s’est constituée le soir même de la manif et a très rapidement regroupé des libraires de régions parisienne mais pas que ! Très rapidement l’idée de faire une AG est arrivée ce que nous avons fait le mercredi 25 janvier. Une vingtaine de libraires ont participé (une partie à distance car pas de Paris) et une partie en physique !

Une super réunion enthousiasmante pour la suite ! Nous avons discuté des enjeux de cette réforme mais aussi de sa cohérence avec l’ensemble de la politique de Macron et du lien à faire entre réforme chômage réforme retraite et la loi raciste de Darmanin. Et évidemment la manif de jeudi était dans toutes les têtes et nous donnait confiance pour s’organiser sur la durée. Nous ne parlions pas que du 31 janvier mais bien du mouvement sur la durée la question des caisses de grève a même été abordée tellement la conscience d’une longue et dure bataille qui arrive mais avec une détermination pour la mener et la gagner !

Nous sommes ressortis de cette réunion avec un tract, une banderole un point de rdv pour faire un cortège mardi et l’idée de prendre un temps de discussion à la fin de la manif et évidemment de nous voir régulièrement pour organiser la grève.

Organiser la grève concrètement : le tract a été écrit dans l’idée de faire des tournées de librairie pour rencontrer les salariéEs et donner la confiance et inciter l’ensemble des libraires à faire grève.

Les libraires rentrent dans la bataille en s’organisant et voulant apparaître collectivement et étendre le mouvement ce qui est assez rare dans ce secteur pour dire que sa gronde en bas.


ROMAINVILLE

Une AG interpro s’est tenue à Romainville le 19 janvier au matin. Elle a été créée en 2019 par des professeur.e.s des écoles de la circonscription (qui s’étend sur 3 villes) et il s’agit aujourd’hui de la réactiver et de la reconstruire.

27 personnes étaient présentes, parmi elles une majorité d’enseignant.e.s (syndiqué.e.s ou non) mais aussi des retraité.e.s, étudiant.e.s, un membre de l’UL CGT … Même si ce chiffre peut paraître décevant, étant donné le contexte et l’absence total de métro ce jour-là, c’est plutôt encourageant, les camarades semblant plutôt convaincu.e.s et déterminé.e.s.

Les débats ont fait état de la nécessité d’œuvrer pour un élargissement du mouvement, de la nécessité de la reconduction et donc d’une caisse de grève mais aussi du constat que la réforme des retraites s’inscrivaient dans un projet global violent (loi lopmi, loi anti squat, loi Darmanin, réforme de l’assurance chômage, …) et qu’il fallait faire les liens entre toutes ces attaques. L’école est propice au renforcement d’une lutte interprofessionnelle, elle est le lieu qui réunit professeur.e.s des écoles, AESH (emploi féminisé et très précaire), territoriaux (animateurs, animatrices, ATSEM, …), parents d’élèves (sans papier, chômeurs, chômeuses, salarié.e.s précaires, …).

Quelles actions concrètes mettre en place pour élargir le mouvement ?
Comment s’adresser aux parents d’élèves et aux autres secteurs ?

Il a été décidé de réserver une salle tous les jours et de déposer des intentions de grève pour les professeur.e.s des écoles jusqu’aux vacances de février, d’organiser des réunions dans les écoles et/ou des petits déjeuners devant les grilles pour échanger et convaincre, d’organiser des passages dans différents lieux des 3 villes (entreprises, bibliothèques, …), d’écrire un tract à l’attention des parents d’élèves et, surtout, de préparer une soirée festive et militante dans une école de chaque ville comme cela avait été organisé en 2019 (repas, informations, débats, film, concerts, avec différent.e.s intervenant.e.s et invité.e.s…). Il a aussi été décidé d’organiser une garde d’enfants pour permettre à toutes et tous de participer aux différentes actions.


RENNES 

Énormément mais genre ÉNORMÉMENT de monde à Rennes j’ai jamais vu ça, on doit être plus que le 5 décembre 2019!

Barnabé, Rennes

Quand je suis arrivé en avance au lieu de rendez vous de la manif, on était déjà plus que ce qu’on est d’habitude 30 min après l’heure annoncée. La rue s’est remplie très vite et quand j’ai pris de la hauteur pour chercher quelqu’un, je me suis rendu compte que je ne la trouverai jamais, les gens étaient tellement serrés qu’on ne voyait que le haut de leur tête. J’ai dit à ma camarade « on est bien plus de 10 000 », et elle ne m’a pas cru. Je n’avais jamais assisté à une manif avec plus de 10 000 personnes à Rennes donc je ne savais pas compter plus haut à l’œil. Plus tard les chiffres de camarades plus aguerries et des journalistes sont arrivés : on était 25 000. Ça n’était pas arrivé depuis plus de 10 ans. Les chiffres du 5 décembre 2019 ont été largement surpassés. À nous de faire en sorte de dépasser ceux de 2010 ! Alors que le début de la manif avait fait le tour du parcours et était revenu, la fin n’était pas encore partie. Les derniers cortèges syndicaux ont mis 4h à faire la boucle dans le centre-ville, qui pourtant n’est pas très grand. 

Avec les camarades d’A2C, rejoints par des camarades de Nous Toutes 35, on a distribué un millier de tracts de la Marche des Solidarités contre la loi asile et immigration en préparation. Les gens étaient réceptifs, tous les tracts sont partis, certains en demandaient même. On a eu de belles réponses appuyant l’importance de la solidarité. Quelques réticences ont tout de même été exprimées, surtout de la part de vieux syndicalistes qui n’ont pas voulu entendre parler d’anti racisme. Mais ils étaient largement en minorité par rapport à toutes les personnes intéressées et déterminées.

Ça donne de la force pour organiser la mobilisation ! 

Pendant la manif, j’ai surtout participé au cortège féministe, très animé. Beaucoup de slogans contre le capital et le patriarcat ont été chantés, l’hymne de la grève féministe « Patriarcat au feu, et les patrons au milieu ! » (sur l’air de Freed from desire) a été repris à de multiples reprises et dansé à la fin. Il y avait quelques pancartes avec des slogans bien trouvés. Les camarades de NT35 distribuaient des tracts sur la grève féministe et les liens étaient facilement faits par les gens. 

Le cortège étudiant était assez gros aussi, et déterminé !! « Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère : de cette société là, on n’en veut pas ! » Plusieurs syndicats étudiants étaient représentés, en grande majorité Solidaires et l’Union Pirate. 

Les cortèges syndicaux étaient immenses et très nombreux. Quand je suis arrivé à Charles de Gaulle, c’est le nombre de syndicats différents qui m’a d’abord sauté aux yeux. Je n’avais jamais vu certains drapeaux en 4 ans de luttes sociales. Et ces nouveaux groupes (pour moi) n’étaient pas là à 2 syndicalistes mais à 40, 50, 60 grévistes avec chasubles à chaque fois pour les petits groupes. Les cortèges des gros syndicats prenaient des rues entières. 

Quand on est retournés à Charles de Gaulle, des gaz lacrymogènes ont été lancés. J’ai appris plus tard que le canon à eau avait été utilisé sur le block des autonomes et sur un cortège de vieux syndicalistes qui se trouvait là (la fin de la manif rejointe par le début de la manif constitué du block). La répression n’a pas été aussi violente qu’elle a pu l’être pendant la lutte contre la Loi sécurité globale, les forces policières étaient largement dépassées par le nombre malgré tous leurs équipements (dont plusieurs étaient neufs, camion à eau et camions de CRS, ya de l’argent quand ils en veulent). 

Une manifestation historique en tous cas, qui galvanise et donne un coup d’envoi enthousiasmant au mouvement social contre les retraites, contre toutes les lois précarisantes et pour la solidarité ! 

À samedi ou la semaine prochaine !

Ju, 20 ans, Rennes

LE HAVRE 

Au Havre, nous avons manifesté à 10h. Nous étions 11 000 selon la préfecture, 30 000 selon les syndicats ! L’ambiance était joyeuse et sereine. Différents corps de métier étaient représentés avec notamment beaucoup d’enseignants et de dockers. Il y avait également la présence du collectif Nous Toutes. Des chants ont eu lieu tout au long du parcours avec des mini chorales à certains tournants. La marche s’est terminée un peu avant 12h30, en musique 🎶 

Une AG intersyndicale enseignante a eu lieu à 9h, avant la manif. Nous étions 160 (ce qui est assez encourageant par rapport à 2019). Tout le monde est motivé pour gagner en puissance progressivement et s’organiser pour des grèves reconductibles après la vacances (pour ne pas que tout s’arrête aux vacances), et se mobiliser selon ce qui se fait dans les autres secteurs et au niveau national ! En attendant, nous comptons en parler un max aux collègues, et parents si on peut, pour que le mouvement prenne de l’ampleur.  🔥

Maël, Le Havre


NANTES 

À Nantes, avec deux personnes de ma promo et une amie militante du NPA, on a créé mardi soir 3 pancartes avec des revendications plus féministes parce qu’on regrettaient qu’il n’y ait pas la présence d’un cortège féministe de prévu. Et on se voyait pas se sentir absentes du mouvement en tant que féministes révolutionnaires… 

J’ai réussi à motiver 3 personnes de ma promotion à la fac, dont deux qui n’avait jamais été en manif (première manif à 45 000, c’est du haut level!). Quand nous sommes arrivé·es, j’avais du mal à comptabiliser combien nous étions. Le premier chiffre que j’entends, c’est 20 à 30 000, et déjà je trouvais ça colossal, n’ayant jamais fait de manifestation à plus de 10 000 personnes en dehors de manifestations parisiennes. Et puis tout le monde avance, malgré la pluie et le froid, de gigantesques cortèges syndicaux, un imposant cortège étudiant, je ressens une certaine connivence entre toutes ces personnes et générations représentées. Finalement, nous étions entre 45 et 50 000 personnes, sachant qu’au bout d’à peu près une heure de manifestation, j’ai appris que des personnes n’avaient toujours pas pu partir du point de départ. De 10h30 jusqu’aux alentours de 13h30 nous étions toustes dans la rue. C’était vraiment massif, on ne voyait jamais la fin des cortèges. 

Le cortège étudiant·es, dans lequel je suis majoritairement resté, était vraiment animé avec des slogans politiques, économiques et de solidarité : entre travailleur·euses et/ou jeunes etc. C’était fort, c’était joyeux, des très jeunes à des personnes syndiquées depuis des années, et par exemple, une retraitée à l’âge de 70 ans qui est venue nous voir au début de la manifestation en voyant nos pancartes, disant qu’elle resterait féministe tant qu’il le faudra. 

On a collé des stickers tout le long du parcours #ContreDarmaninEtSonMonde, et une journaliste est venue discuter avec nous pour en savoir plus sur l’annonce d’il y a quelques mois du ministre de l’intérieur d’ouvrir un CRA à Nantes, alors j’en ait forcément profité pour parler de la proposition de loi asile et immigration de Darmanin.

D’ailleurs je n’ai pas vu de cortège antiraciste lors de la manifestation : preuve qu’il va falloir continuer à convaincre que ces propositions de réformes et lois, ont une logique politique globale… 

Pour finir, j’ai discuté avec les personnes que je connais sur Nantes, et que ce soit du milieu militant ou non, j’ai appris qu’elles avaient majoritairement été à la manifestation, parfois en ayant fait une demi-journée de grève, voire une journée entière, on sent que les personnes qui nous entourent sont déjà convaincues et je trouve ça beau.

Aude, Nantes


PARIS 18e 

Depuis lundi dans le 18eme la lutte contre la réforme des retraites s’organise ! 

Tout au long de la semaine l’UL CGT 18e et le collectif 18e en Lutte ont distribué des tracts aux sorties de métro pour appeler à la manif de jeudi : super ambiance et on a senti tout au long de la semaine l’hégémonie de l’opposition à cette réforme et la possibilité d’une manifestation réussie ! 

Le collectif 18e en Lutte a imprimé une série de visuels pour combattre en bloc la réforme des retraites mais aussi la loi Darmanin : en effet c’est toute la logique libérale et raciste de ce gouvernement qu’il faut combattre ! 

Un départ commun du 18e a été prévu : nous étions une bonne vingtaine et nous avons retrouvé d’autres militant.es du quartier à la manifestation (notamment de EDF de l’arrondissement) . Arrivé.e.s à la manif nous avons été frappé.e.s par ce raz de marée qui s’apprêtait à défiler à Paris ! Rien que de voir ça a mis la patate a tout le monde pour la suite ! Nous n’avons pu partir qu’à 16h30 pour un départ de la manif prévu à 14h mais le monde était tel qu’il a fallu patienter ! 

De retour dans le 18e avec les militant.e.s présent.e.s nous avons décidé d’appeler à une 1ère assemblée interprofessionnelle lundi ! 

La lutte ne fait que commencer !


TOULOUSE  

Présence massive de tous les syndicats qui ont fait appel à la grève et à la manif. Rendez-vous était donné à 10h du matin au monument aux morts, métro François Verdier. En arrivant c’était déjà impossible d’arriver au point de départ car il y avait énormément de monde. Matinée très froide à Toulouse, mais ça n’a pas du tout empêché la mobilisation. Les cortèges syndicaux étaient très larges, présence des plusieurs secteurs, notamment les cheminot·es, les profs, personnel soignant, Airbus, d’autres secteurs du public et du privé. Toutes générations représentées, présence des retraité·es, actif·ves, chômeur·euses, étudiant·es, lycéen·nes, cortège de la fac du Mirail. Animations diverses, plusieurs pancartes citant l’injustice de cette réforme, surtout pour les femmes et pour les plus précaires. Les slogans parlaient souvent de la précarité générale, des femmes, des étudiant·es, etc. 

Ça faisait un moment que nous n’avions pas vu une si grande manifestation, peut-être en 2019/2020 pendant les luttes contre l’autre réforme des retraites, mais c’est sûr que ça ne s’était pas déroulé depuis le début de la crise COVID. 

Très bonne ambiance, beaucoup de camarades se sont mis en grève, certain·es pour la première fois. Je n’ai pas réussi à parcourir toute la manif car elle était vraiment très large, mais j’ai eu l’impression que la grande majorité des mouvements sociaux de Toulouse étaient présents. Je n’ai pas pu voir le cortège féministe organisé par l’interorga féministe, ni s’il y avait un cortège de personnes “sans-papiers”. Le DAL (droit au logement) était présent. 50 mille personnes ! 
Pour Toulouse, j’ai entendu 60 000 de la part d’une street médic et en ressenti j’aurai plutôt tendance à dire 400 000. ✨

J’ai pas vu de traces de slogans fafs ou d’Alliance. J’ai repéré la présence de la CGC (Confédération Générale des cadres) dont les membres ont été un peu chahutés par les Gilets Jaunes.

Il y avait aussi un rassemblement totoïde à 14h en non déclaré avec plus de monde que prévu. On sentait que la police n’avait pas envie de rigoler pour la suite, gros niveau de répression.

En tout cas le rapport de force est posé, organisons la greve généraaaaaaale 🔥

TOULOUSE  #2

Env. 40 000 manifestant-es dans la rue aujourd’hui, dont des énormes cortèges syndicaux de travailleur-es et étudiant-es très visibles mais plus ou moins animés et vocaux. Des cortèges d’entreprises privées énormes Thalès, Airbus, mais aussi des PME.

Avec l’interorga féministe on a organisé un cortège féministe qui s’est lié avec le cortège de Solidaires Asso (Faire Face autodéfense, Actu Up sudwest Planning Familial, Griselidis (Asso communautaire de TDS), Case de Santé communautaire, etc). Le cortège féministe était revendicatif et festif, présence de la chorale féministe, le collectif de tambour féministe. On a chanté les « Penn Grévistes », une goguette de « Penn Sardines » et « Sans Nous le monde s’arrête » (Goguette de Freed from desire).

L’appel à la grève féministe a été entonnée tout du long de la manif.

A 15h, AG du secteur éducation département Haute Garonne (31). 250 participant-es à l’AG, une super bonne énergie, plusieurs propositions d’actions, de débats contradictoires sur les perspectives de suite de la grève : suivre le calendrier des raffineurs – 48h puis 72h – ou grève reconductible dès vendredi 20 janvier. Une prof présente en AG a lancé « tout à l’heure en manif j’ai entendu le slogan ‘Patriarcat en feu, les patrons au milieu’ et je propose qu’on l’utilise pour nos actions! ».

Relevé de décisions :

– l’AG éduc 31 se calque sur le calendrier des raffineurs pour poser les grèves 48h, jeudi et vendredi 26-27 janvier, plutôt qu’attendre les annonces de l’intersyndicale nationale

– l’AG encourage des AG de secteurs géographiques à s’organiser pour favoriser les cadres autonomes

– l’AG soutient l’initiative d’une AG lycéenne, mardi 24 janvier.


GRENOBLE

À Grenoble, il y a eu vraiment beaucoup beaucoup de monde aussi, j’ai du mal à donner des chiffres mais tout le monde convenait que c’était la plus grosse manifestation depuis pas mal d’années !

NÎMES

Pour Nîmes aussi c’est IMMENSE ! On estime dans un journal local qu’il y avait 20.000 personnes qui ont participé à la manif aujourd’hui à Nîmes… qui était très particulière pour son échelle.


MARSEILLE

A 10h, la place des Réformés et tout le haut de la Canebière sont remplis de monde. On entendait de tous les côtés que ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vécu une manifestation comme ça, avec autant de monde. On le sent, il se passe « quelque chose ».

Les syndicats annoncent 140 000 manifestantes.

Un groupe, issu de l’assemblée générale de lundi contre la loi asile et immigration de Darmanin a préparé une banderole « Avec ou sans papiers, même classe, mêmes luttes » et a imprimé des tracts faisant le lien entre la réforme des retraites et la loi sur l’immigration de Darmanin. 

Une dizaine de personnes tractent donc auprès des syndiqué•es pour dénoncer le gouvernement raciste de Darmanin, et convaincu sur la nécessité de lutter également auprès des sans-papiers pendant le mouvement social. Les personnes, toutes réceptives, nous racontent que cette mobilisation n’est effectivement pas uniquement sur les retraites mais sur l’ensemble des attaques de Macron face aux travailleuses•euses et aux précaires. Les prochaines assemblées générales contre la loi Darmanin, dans deux semaines permettront probablement de continuer les discussions sur les liens à construire avec le mouvement social contre les retraites. 

Le cortège lycéen chante « La jeunesse emmerde le Front National ». L’union départementale de la CGT a également affiché un message clair, suite à l’infiltration de l’Action Française la veille pendant la marche aux flambeaux : l’extrême-droite n’est pas la bienvenue dans nos cortèges. 

Un appel à une AG étudiante nous a permis de discuter des possibilités de construire une mobilisation étudiante en lien avec la réforme des retraites mais aussi contre le gouvernement Macron qui nous prépare un avenir de précarité pour l’ensemble des étudiant•es. A été évoqué l’envie de formaliser l’existence d’un comité de mobilisation étudiant•es pour pouvoir tracter sur les différentes réformes qui vont passer ces prochains mois. Peu d’étudiant.es ont été présents.es mais l’envie de massifier à travers des appels à AG et des sessions de tractage sur les différents campus permet d’imaginer de mobiliser davantage les étudiant.es à Marseille.

Construire l’autonomie de classe en construisant un discours antiraciste et une prise de conscience des multiples attaques contre tous•tes les travailleur•euses, les précaires et les sans-papiers. A ce sujet, une jolie banderole s’est déployée pendant la manif !


PARIS

La force du nombre, on était partout, on était 400 000, on débordait dans toutes les rues, c’était fini les flics sur les côtés en permanence dans nos champs de vision, plus de nasse qui ont tant de fois pourri nos manifs. Ils pouvaient bien essayer d’attaquer la où ils pouvaient ça n’y changeait rien. La force qu’on a sentie jour là, putain c’était la classe !

La force, la détermination et l’action d’un noyau de militant.e.s sans papiers, antiracistes qui s’était retrouvé pour diffuser des tracts contre la loi Darmanin ont permis d’informer sur le danger incarné par cette loi raciste et ont montré qu’on était prêt a se battre au côté de toutes et tous.

On a distribué les 8000 tracts et milliers d autocollants, encore plus ont vu la présence d’un cortège prêt a se battre contre la Darmanin, nous étions une goutte d’eau mais qui fait du bien à toutes et tous, ça se voit ! On était noyé, mais qu’est ce qu’on était bien ! 

Et on peut sortir avec un premier constat pour le combat contre la loi Darmanin : beaucoup ne sont pas au courant du projet de loi, de son contenu. Et donc notre première tache est de faire connaître la loi Darmanin, de convaincre de la menace qu’elle constitue et d organiser celles et ceux qui sont prêt.e.s a se battre.

C’était une manifestation incroyable, un espoir, un rappel de notre force. La joie de savoir que partout dans les villes qui manifestaient plus tôt, on était encore plus ! On nous dit 2 millions, mais donc on peut faire mieux, c’est encore plus fou. Qu’on ne nous dise pas qu’on ne peut pas gagner. Il nous reste à convaincre que c’est possible ! 

Mathieu Pastor, Paris 20e