[Au fil du mouvement – 18 juillet 2024]

Développons les assemblées antifascistes, antiracistes et anticolonialistes !

Des assemblées antifascistes de quartier se sont réunies dès la semaine des résultats des élections législatives, afin de maintenir la mobilisation au-delà du résultat. Des camarades rendent compte ici de leur expérience. Si vous êtes impliqué.e dans des collectifs ou syndicats qui prennent des initiatives dans ce sens, n’hésitez pas à nous écrire, il nous semble important de les relayer !

MARSEILLE

Petit retour sur l’assemblée publique visant à lancer des comités de quartier antifascistes à Marseille mardi 9 juillet :

À l’entre-deux tours, deux collectifs antifascistes de Marseille (la Riposte antifasciste et l’Antifa Social Club) ont discuté ensemble sur une proposition de perspective post-séquence électorale : le lancement de comités de quartiers antifascistes. Il semblait en effet important de proposer quelque chose au-delà du 7 juillet, en s’appuyant sur la mobilisation depuis la dissolution. Selon nous, que les gens appellent à voter Nouveau Front Populaire avec la Réserve Citoyenne (dispositif de mobilisation qui a permis de nombreuses personnes, souvent pour la 1ere fois, de tracter et coller en masse contre le RN puis rapidement pour le NFP) ou bien simplement sensibilisent et alertent sur le danger fasciste du RN au pouvoir (par exemple en collant les centaines d’affiches que nos collectifs ont laissé à disposition), cette mobilisation part avant tout d’un sentiment d’urgence antifasciste.

C’est pourquoi nous nous sommes mis d’accord sur cette proposition de comités de quartiers, en se disant que c’était un cadre pertinent à partir duquel impliquer un maximum de personnes sur des bases simples, ouvertes et accessibles. Aller chercher nos voisin·es et impliquer les gens autour de nous, ça commence par là !

Un peu dans l’urgence, on décide de poser la date deux jours après le second tour, pour profiter du moment d’effervescence, quels que soient les résultats. A partir du moment où la communication est lancée, avant même les résultats, on reçoit un tas de messages qui nous remercient de l’initiative et manifeste leur intérêt, sur Marseille mais pas seulement ! On se dit alors qu’on est sur la bonne voie. Et cela est encore plus confirmé lors de la manifestation massive de dimanche soir, manifestation enthousiaste dans la joie d’avoir repoussé le pire, mais à en croire les slogans, consciente que la victoire est temporaire et que la lutte antifasciste est nécessaire : « Tout le monde déteste Bardella », « Marseille, Marseille, antifa ! », « Expulsez les fachos, libérez les sans-papiers », « Siamo Tutti Antifascisti ». Ce soir ou bien les deux jours précédents aux Pride (radicale et officielle) les échanges en tractant pour annoncer l’assemblée sont enthousiastes.

« Nous n’avons gagné que du temps » [https://www.instagram.com/p/C9LFmtAIlXu/?igsh=MTc0bDl6cWZtaHl3NQ==]

Mardi soir, plus de 300 personnes sont réunies en haut de la Canebière pour participer au lancement des comités de quartier. Après une introduction de la part des collectifs antifascistes sur le bilan à tirer des résultats, de la massivité du vote RN (plus de 10 millions de personnes) à resituer dans l’offensive raciste, islamophobe et anti-immigration, de la libération de la violence légitimée par les urnes et de la nécessité d’un antiracisme conséquent, nous avons présenté l’idée de ces comités de quartier.

Cela nous semble important que ces comités soient tournés vers l’action pour impliquer tous les gens qui ressentent le besoin d’agir tout en étant accessible dans les objectifs visés. Commencer par faire le tour des acteurs du coin, des commerçant·es, des associations sportives, culturelles et autres en leur proposent de visibiliser des affiches appelant à rejoindre son comité de quartier ; organiser des moments conviviaux sur la place du quartier pour tisser des liens et proposer des moments de rencontre autour du besoin de solidarité face à l’extrême-droite et au racisme ; faire de la présence régulière en collant, tractant et en tenant des stands d’information. Tout cela constitue des objectifs simples à mettre en place afin de visibiliser l’existence de ces comités antifascistes et d’impliquer le plus de monde. Cette solidarité construite, il pourra être ensuite plus simple de se mobiliser face à la présence de l’extrême-droite dans son quartier lorsque qu’elle colle, tracte, organise des évènements ou agresse, mais aussi plus facile pour mobiliser sur des enjeux plus larges que le quartier.

Après un temps de parole ouvert d’une vingtaine de minutes où se sont mêlés quelques questions techniques mais aussi l’intervention de militant·es locaux rôdés à la prise de parole en public (devant 300 personnes ça peut être intimidant), nous avons proposé de former directement des groupes par quartier ou localité. C’est le moment de la FAQ (la Foire aux Quartiers) où sont annoncés au micro les différents groupes dont chacun part avec une feuille avec le nom de son quartier afin de permettre à tout le monde de retrouver là où il souhaite être pour lancer son comité (en fonction du lieu où l’on habite, où l’on travaille, où l’on vit). Une vingtaine de groupes se forment, plus ou moins grand selon les quartiers (de 3 à 40 personnes) et vont se rencontrer et échanger pendant 45mn. Au retour en grand groupe, on fait la liste des futurs comités de quartier, des discussion qu’il y a eu, et des prochains rendez-vous : un pique-nique antifasciste par ici, un stand tenu au prochain vide-cafoutch (vide-grenier), des idées de choses à faire et parfois des débats sur l’orientation des comités… une bonne partie des comités, notamment ceux composé de militant·es du centre-ville, décident de ne pas se mettre sur les boucles WhatsApp créée pour rassembler et coordonner les différents comités et de passer sur Signal (moins accessibles et moins utilisé par n’importe qui a priori).

Cela fait partie des question techniques et politiques qui se posent quant à ces comités et à la suite que cela prendra. Quels vont être les objectifs et les modes d’action de ces comités ? Comment lutter à partir de son quartier tout en s’ouvrant aux territoires où il y a besoin de travail militant, où le vote RN est massif ? De quelle manière maintenir un lien entre les comités ? Est-ce que ceux-ci vont s’activer dès cet été ou dans quelle mesure faudra-t-il les relancer à la rentrée ? Si les collectifs antifascistes à l’initiative se portent en soutien pour les comités (moyens d’impression, aide pour organiser des réunions publiques de quartier, soutien et conseils techniques, ressources d’infos sur l’extrême-droite locale et éventuellement propositions d’ateliers et de formations), les comités sont a priori assez autonomes. L’enjeu de la suite sera donc de voir comment se fait techniquement et politiquement la coordination et le lien intercomités ! 

Quoiqu’il arrive, ce sont en tous cas des perspectives enthousiasmantes qui donnent de la force pour la suite. Force indispensable pour affronter les politiques racistes qui ne vont que s’intensifier et pour faire reculer le danger fasciste.

TOULOUSE

Petit retour sur la deuxième assemblée à Toulouse qui s’est tenue mercredi 10 pour créer une coordination de comités de quartier. Cette initiative de l’AFA Tolosa a réuni environ 30 personnes, la plupart très politisées, mais avec une volonté d’élargissement.

Le constat est que les résultats des législatives nous ont accordé un sursis pour nous organiser. Face à la menace du fascisme, de nombreuses personnes non militantes veulent agir, mais les cadres militants existants ne leur conviennent pas. Il est donc nécessaire de répondre collectivement à cette attente en revenant aux fondamentaux, là où l’on vit et où l’on est au quotidien.

La volonté de l’assemblée est de rester accessible en évitant les étiquettes, les postures radicales ou la grammaire militante qui marginalisent trop souvent les initiatives antifascistes.

L’objectif est de créer des comités de quartier ou de rejoindre les initiatives déjà existantes pour faire vivre la solidarité contre le fascisme et le pouvoir en place. Deux comités de quartier doivent être créés pour la rentrée (Toulouse sud/Toulouse nord) avec un projet de charte et un nom qui reste à trouver.

PARIS

Dans le 20eme arrondissement de Paris, une « Assemblée Populaire de Lutte » a réuni jeudi 11 juillet plus de 70 personnes sur une place du quartier. Construite par plusieurs collectifs de lutte locaux, féministes, antiracistes, sans-papiers, pro-palestiniens, antifascistes, cette convergence autour des mots d’ordres « Anticolonialisme, antiracisme et antifascisme » fut une réussite dont voici 3 aspects.
Nos collectifs ont encore fait leur preuve quant à leur capacité à mobiliser. Arriver à réunir, un soir de mi-juillet, à l’échelle d’un arrondissement, 70 personnes sur cette base politique sans concession et dans une perspective d’organisation n’est pas forcément donné. De plus, certaines feuilles de contacts furent plus remplies que d’ordinaire, ce qui laisse présumer plusieurs « premières participations » à ce genre d’évènement. 
Ensuite, qui dit quartier dit vie ; cette assemblée fut vivante. Sa préparation puis son animation menèrent nos collectifs à tisser des liens, dans les réflexions comme dans l‘action (collages, tractages). Une volonté, un objectif était que l’assemblée créât un climat de confiance qui permît à quiconque de s’exprimer. Alors, une répartition en petits groupes de travail thématiques fut proposée et favorisa les prises de paroles, ce qui enrichit toujours les discussions.
Enfin, ces discussion étaient empreintes de désir d’action. Les boussoles stratégiques, anticolonialisme, antiracisme, antifascisme faisant consensus, il ne restait désormais qu’à les réaliser, encore une fois à l’échelle du quartier. Ainsi, un départ commun du 20ème fut décidé vers le défilé internationaliste organisé par la Marche des Solidarités, les collectifs de Sans-Papiers et Urgence Palestine le 14 Juillet. Déterminé.es, nous nous retrouvions dès le surlendemain de l’assemblée pour préparer banderoles, pancartes et slogans. Un canal de communication fut visibilisé pour alerter et pouvoir réagir collectivement aux violences racistes et lgbtqphobes commises dans l’arrondissement, et promesse faite de tenir nos rues et quartiers et les rendant « zones antifascistes » à force de travailler l’espace public. Et pour continuer à créer du lien et de la solidarité, un évènement public, festif et politique, s’invitera sur une place début Août.
En bref : Quantité, Qualité, Dynamique. Trois caractères qui ne sont pas du luxe lorsqu’on veut construire un rapport de force révolutionnaire et qui ne s’acquerront qu’en militant à la base et pour la base.

RENNES

Retour sur une action super positive dans le quartier

Avec l’assemblée de quartier contre le racisme et le RN de Rennes Sud, plusieurs personnes ont émis l’idée il y a un mois, d’une affiche (« Lieu Solidaire contre le racisme »), partant du constat avéré par différents articles scientifiques, politiques et sondages, que le racisme et la préférence nationale sont les premiers facteurs du vote RN, et non un vote « anti-système ». 

L’idée de cette affiche, c’était de la faire coller un peu partout, de créer un réseau de lieux identifiés (ce qui ne veut pas dire que ce sont des lieux où il n’y aurait aucun problème de racisme évidemment), de lancer les discussions avec les travailleur·ses de commerces, d’associations, de lieux institutionnels (MJC, bibliothèques, conservatoire, lieux culturels). C’était très intéressant car cela a permis d’avoir de nombreux retours très différents, et de se rendre compte à quel point on pouvait avoir de l’espoir ou à quel point on avait reculé ces dernières années. 

Suite à cette première expérience (que j’imagine que nous allons réitérer), le Front Commun Antifasciste 22 (côtes d’Armor) a lancé une initiative similaire.

Pour préparer l’après été, l’Assemblée de quartier a décidé d’organiser une fête populaire antiraciste en septembre.

Hauts les cœurs, vive la lutte, lieu par lieu, rue par rue, quartier par quartier, village par village, nous vaincrons contre le racisme et la division !