Pour compléter le retour de nos camarades d'A2C dans le 20è, 18è et à Montreuil, voici un retour de la manifestation qui a eu lieu ce 1er mai 2020 aux Lilas, alors que les préfectures et la police faisaient tout pour qu'aucune contestation politique du pouvoir n'ait pignon sur rue en cette journée internationale des travailleurs et des travailleuses, jusqu'à envoyer les voltigeurs contre une distribution humanitaire à Montreuil. Alors que de larges franges de la gauche politique et syndicale voient dans les applaudissements aux fenêtres et dans les manifestations virtuelles des moyens légitimes de la lutte politique en période de confinement, il nous semble primordial de mettre en avant toutes les initiatives collectives, de rue, de lutte physique contre la domination du Capital qui sont les seuls moyens d'intervenir dans le rapport de forces entre les classes et de renforcer l'autonomie de la nôtre. « Si vous avez vous-même participé à une action collective de rue, n’hésitez pas à nous envoyer quelques lignes à a2c@riseup.net »
Le 1er Mai 2020, masques sur le visage, pancartes à la main et gilets jaunes sur le dos, c’est aux cris de : « On est là ! Même si Macron ne veut pas, nous on est là… » qu’un rassemblement de femmes débute devant la mairie des Lilas et attire le regard et la sympathie des habitant·es.
J’avais rencontré deux d’entre elles un peu plus tôt. Elles se dirigeaient vers la mairie. On ne pouvait pas les rater. Tout à coup, elles illuminaient ma journée. Je venais d’apprendre que le rassemblement devant la mairie du 20ème auquel je me rendais était empêché par la police de Macron.
Très vite, nos chants sont accueillis par des klaxons et des poings levés par la fenêtre des voitures. Une mère et sa fille s’arrêtent, heureuses de nous trouver là, elles restent quelques minutes avec nous, le temps de quelques slogans : « Du fric, du fric pour l’hôpital public ! », « Du fric pour nos salaires, pas pour les actionnaires ! ». « Des masques, des tests, pas des mensonges ! / pas des CRS ! » Un slogan en solidarité avec les sans-papiers est également lancé par une militante Gilets Jaunes.
Nous sommes rejoint·es par deux membres de l’interpro Les Lilas-Romainville qui pensaient retrouver des camarades à Montreuil. Ils restent avec nous.
Des passant·es reviennent sur leurs pas gagné·es par l’élan revendicatif ! C’est donc à 15 que nous partons en manif dans la ville, le long de la rue de Paris d’abord. Sur son balcon une femme applaudit au rythme des slogans, un poing dessiné sur un carton accompagné de ce mot d’ordre : « Sans nous le 11 Mai ! » trônant à côté d’elle. Le soutien de certains commerçant·es, les encouragements depuis certains balcons qui arborent ou non des Gilets Jaunes, nous donnent confiance ! « Macron nous fait la guerre et sa police aussi, mais on reste déter’ pour bloquer le pays ! »
Nous passons dans la cité des Sentes, nos slogans sont repris depuis certaines fenêtres. Un groupe de jeunes dans la rue nous regardent, d’abord étonnés, ils viennent nous questionner, pour finir par nous encourager, amusés.
Nous terminons notre manifestation à l’entrée de Romainville.
Nous aurons manifesté durant deux heures pendant le confinement sans croiser un seul policier. Cette manifestation nous aura mis en joie ! Joie de se retrouver dans la rue, de manifester, de pouvoir crier notre colère contre ce gouvernement !
Un vent de liberté a soufflé aux Lilas le 1er Mai ! Il nous a semblé qu’il ne manquait pas grand-chose pour qu’il souffle un peu plus fort.
Une camarade qui m’avait donné son numéro pour que je lui envoie les photos et vidéos de notre manif m’écrira une heure plus tard :
« Si tu veux, je peux t’envoyer des textos pour le rond-point GJ que nous tenons aux sentes, mais il faut que je connaisse au moins ton prénom.»
C’est vrai qu’on s’est même pas présentées, on s’est reconnues !