Alors que presque 2000 personnes sont portées disparues en Méditerranée depuis le début de l'année selon l'Organisation internationale pour les migrations (liée à l'ONU) et que l'ensemble du champ politique français n'a pas hésité à s'afficher solidaire avec plus de 100 000 réfugié·es ukrainien·nes, c'est un discours profondément xénophobe et raciste qui sature les médias ces derniers jours.
Après trois semaines d’errance en mer, le bateau humanitaire Ocean Viking de l’association SOS Méditerranée et les 230 rescapé·es à bord ont enfin soufflé lorsque le Premier Ministre français à annoncé autoriser le débarquement à Toulon. Qu’on ne cède rien aux fascistes qui vomissent leur peur du grand remplacement de l’Europe par l’Afrique : il faut rappeler que loin d’être accueilli·es, les rescapé·es de la mer seront trié·es et dans quelques mois sans doute frappé·es d’une OQTF [Obligation de quitter le territoire français], enfermé·es en CRA [Centres de rétention administrative] ou bien expulsé·es.
Vendredi 11 novembre, le jour de l’arrivée de l’Ocean Viking à Toulon, un rassemblement de soutien s’est tenu sur le carré du port de Toulon. Des militant·es associatifs, syndicalistes et partisans locaux de gauche étaient présent·es, ainsi qu’une bonne composante de réseaux antiracistes et antifascistes marseillais venus exprimer leur soutien, vigilants de la présence de groupuscules fascistes dans le centre-ville.
En fin de mâtinée, c’est plus d’une centaine de personnes qui se mettent en mouvement direction le Théâtre Liberté, à l’intérieur des membres de SOS Méditerranée tenaient une conférence de presse. Le cortège traverse alors tout le centre-ville au rythme des slogans :
- De l’air, de l’air : ouvrez les frontières !
- Solidarité avec les réfugié·es du monde entier
- C’est pas les immigrés qu’il faut virer, c’est les fascistes et leurs idées !
Cette dernière phrase résonnait particulièrement ce matin-là : l’extrême-droite avait en effet sauté sur l’occasion pour déverser la xénophobie qui la caractérise tant et appeler les élus locaux et la population à se mobiliser. Chez Reconquête, on n’hésite pas à reprendre la saillie raciste qui a quelques jours plus tôt enflammé l’hémicycle pour appeler à ce qu' »ils retournent en Afrique ». D’ailleurs, le cadre aixois du parti zemmourien Jérémie Piano a été croisé par le cortège durant la manifestation : à l’aise et hautain au départ, il a tout de même vite déguerpi lorsque des camarades antifascistes se sont approchés pour lui dire de dégager.
Mais c’est à ce genre de raciste abruti que la quasi-totalité des chaînes d’informations ont tendu le micro. A 14h comme il l’avait annoncé la veille, Eric Zemmour a tenu sa conférence de presse devant la base navale, accompagné de Phillipe Vardon et Marion Maréchal-Le Pen. Un attroupement de journalistes ainsi que quelques dizaines de vieux (et quelques jeunes) racistes étaient venus l’écouter.
Alors, plusieurs dizaines de personnes qui avaient participé à la manifestation quelque temps plus tôt ont alors commencé à lancer des slogans pour gêner la conférence de presse et faire entendre une autre voix dans la rue et les médias. « Pas d’fachos dans nos quartiers, pas de quartiers pour les fachos » ! Face à cela, les fafs ont entonné une marseillaise qui n’a pas su arrêter la détermination des antifascistes.
Ni à Toulon ni ailleurs nous ne devons laisser les fascistes prendre la parole en toute tranquillité : leur logique est un poison qui se nourrit de la misère et de la mort, il n’y a pas de discussion à avoir avec eux.
Ceci dit, la police présente tout autour a rapidement adopté le rôle de service de sécurité des fascistes : loin de se poster au centre ou à l’écart à l’affût de quelconque montée en tension ou violence physique, les forces de l’ordre ont préféré nasser le groupe de solidaires et de les éloigner des micros et des caméras. Après vingt minutes sans pouvoir sortir des quelques mètres carrés accordés, chacun·e s’est vu fouillé·e et contrôlé·e pour pouvoir repartir ; l’extrême-droite quant à elle aura pu exprimer sa haine sans la moindre difficulté.
Si l’on peut se féliciter, du côté des solidaires antiracistes et antifascistes, d’avoir su se mobiliser rapidement en réaction à ces annonces la veille, ce n’est que dans l’optique de construire un front face à ceux qui sont à l’origine du massacre qui advient depuis des années en Méditerranée et aux frontières de l’Europe.
Ce genre de rassemblement à pu montrer que, loin de ce que l’on peut voir dans les médias, nous sommes nombreux·ses à refuser cela et à lutter pour une société débarrassée de la xénophobie et du colonialisme, des politiques racistes de l’État français ou des saillies toujours plus indécentes du camp fasciste.
Pour la liberté de circulation et d’installation, pour la fermeture des centres de rétention et pour une solidarité internationale avec tou·tes les exilé·es, poursuivons la lutte antiraciste dans nos villes et nos quartiers, sur nos lieux de travail ou nos lieux d’études.
Le 18 décembre, journée de mobilisation internationale des migrant·es, rejoignons les camarades sans-papiers et marchons derrière eux pour affirmer notre solidarité ! → Lire l’appel national