Attaques violentes du cortège du NPA par “les zouaves” samedi 26 janvier à Paris, intimidations et menaces contre des syndicalistes de la CGT samedi 19 janvier par un SO autoproclamé aux accents plutôt SS (encore à Paris), agressions à Strasbourg, attaques en bandes organisées à Lyon… les Nazis sont de sortie!
En effet, deux phénomènes inquiétants se développent au sein des gilets jaunes : la chasse par des groupes d’extrêmes droites de militants de la gauche radicale et la formation d’un service d’ordre canalisant les manifestations.
Soyons clairs: non, le mouvement des gilets jaunes n’est pas un mouvement d’extrême-droite. Le Comité Adama, le NPA, Solidaires, certaines UD de la CGT et les autres ont raison de participer à cette révolte des pauvres, de la renforcer et d’y avancer les mots d’ordre du mouvement ouvrier, les mots d’ordre antiracistes et anticapitalistes.
Ce n’est pas un hasard si les attaques de syndicalistes et de militants révolutionnaires ont eu lieu juste après l’annonce par certains gilets jaunes de rejoindre et de durcir le mouvement de grève interprofessionnel du 5 février appelé par la CGT. Chasser les militants syndicaux et révolutionnaires des cortèges visent à fragiliser cette nouvelle orientation des gilets jaunes.
Face à ces attaques, il serait dramatique que les militants syndicaux et politiques révolutionnaires se retirent des gilets jaunes sous prétexte que l’extrême droite y est présente et violente. Comment en serait-il autrement, alors que la machine de propagande raciste, islamophobe et anti migrants tourne à plein régime depuis des années, dans les médias, dans les partis politiques de droite comme “de gauche” et jusqu’aux plus hauts sommets de l’état. Les 11 millions de voix pour le Front National, c’était il y a quelques mois. Le tout en l’absence pendant des décennies d’un large mouvement antiraciste. Dans ce contexte, il serait illusoire d’attendre l’émergence d’un mouvement de masse au sein duquel l’extrême droite ne chercherait pas à obtenir l’hégémonie. Il faut donc l’acter et mener la bataille au sein même du mouvement.
Les groupes fascistes qui ont investi le mouvement ne sont, pour l’instant, pas assez forts pour rediriger la colère populaire vers leurs canaux racistes et réactionnaires. Les pogromes de masse en gilet jaune, ce n’est pas pour demain. Le moteur du mouvement, ce pour quoi des dizaines de milliers se mobilisent chaque semaine, ce qui forme le coeur de discussions passionnées et démocratiques en AG dans tout le pays, ça reste les revendications sociales.
Incapables de prendre la tête des gilets jaunes, il est néanmoins clair que les fascistes se sont donnés pour mission de virer manu militari la gauche radicale et le mouvement ouvrier! Ils veulent avoir le champ libre sur le terrain des gilets jaunes, mais aussi construire leur avenir. Comme le répète avec trop de légèreté le communiqué du NPA, les nazis ne sont pour l’instant que des “groupuscules”, mais ce que le NPA ne dit pas, c’est que ce sont des groupuscules de combat qui grandissent depuis des années et s’aiguisent les dents sur la gauche et les syndicalistes !
Déjà, dans de -trop- nombreuses villes, nous avons laissé des groupes nazis ouvrir des locaux qui deviennent un point focal pour des dizaines de fils à papa qui trinquent à la santé du troisième reich, qui lancent des sieg heil et organisent des chasses aux NoirEs et aux Arabes! Nous ne pouvons pas leur laisser la rue.
On reprend ici cette phrase de La Horde: “Il est plus que temps que ce mouvement (les gilets jaunes) prenne la mesure du problème que pose la présence d’éléments d’extrême droite en son sein, au lieu d’alterner entre politique de l’autruche et fausse naïveté béate…”
Le problème, c’est que les autruches, ce sont nous. Qui d’autre que le mouvement ouvrier, la gauche radicale et les organisations antiracistes peut et doit mener une campagne antifasciste au sein des gilets jaunes? Notre camp a les ressources pour diffuser massivement un message unitaire antiraciste, qui révèle à tous les gilets jaunes la vérité sur ces groupes Nazis, pour mettre chacunE devant ses responsabilités.
Qu’attendons-nous pour organiser la riposte? Pendant trop longtemps la lutte antifasciste a été laissée à de petits groupes qui, malgré leur courage et leur dévouement héroïques, ne peuvent à eux seuls écarter le danger nazi. Le mouvement ouvrier, la gauche radicale et antiraciste ont assez de forces pour mener une campagne de sensibilisation large et unitaire au sein des gilets jaunes mais pas seulement. Nous avons ce qu’il faut pour renforcer et protéger nos cortèges, nos frères et nos soeurs racisées agressées dans la rue, mais aussi pour éradiquer ces groupuscules Nazis qui rêvent de devenir grands.
Jad (Pantin) et Flo (Strasbourg)