C’était mercredi dernier, matin du dernier jour du procès à Paris. Et la procureure est allée saluer les flics et leurs avocats. Tout un symbole…
Le 18 mai 2016 une voiture de police est brûlée par des manifestantEs. Manuel Valls, alors premier ministre, annonce immédiatement « des sanctions implacables » ajoutant, en direction des flics, qu’il n’y a « aucune consigne de retenue ».
16 mois plus tard neuf camarades ont été inculpéEs et sont passéEs en procès. Alors que la cour rendra son verdict le 11 octobre, le procureur a requis des peines de prison ferme pour plusieurs inculpéEs dont l’une de 8 années !
Si on s’en tient aux faits, il s’agit de dommages matériels pour une valeur estimée par l’Etat à 6100 euros. Les policiers qui occupaient la voiture n’ont jamais été mis en danger de mort comme a dû l’admettre l’instruction qui a requalifié les faits en abandonnant la charge de tentative d’homicide.
Mais, pour l’Etat et son appareil judiciaire, les faits ne comptent que s’ils légitiment la répression. Quitte à les tordre en ce sens. La seule « preuve » est un témoignage « anonyme » qui s’est révélé être celui d’un agent des RG ! C’est sur la base de ce témoignage que 4 camarades sont inculpés alors même qu’il a été prouvé faux sur des points essentiels. Un des inculpés désignés par ce flic a fait ainsi 42 jours de détention et risquerait aujourd’hui de la prison ferme… si un autre manifestant ne s’était pas dénoncé pour les faits qui lui étaient attribués !
Tu es coupable si tu détestes la police
Pour plusieurs des inculpéEs les peines sont requises, selon l’aveu du procureur lui-même, sur de simples « faisceaux d’indices » construits, à partir d’images vidéo, sur la logique du soupçon préalable. On désigne le coupable et on démontre ensuite que rien ne prouve que ce n’est pas lui ! Les choses, au moins, sont claires : est coupable celui/celle qui « déteste la police ».
Pour l’un des inculpés, menacé de 4 ans de prison ferme, l’instruction n’est pas même capable de prouver sa présence sur les lieux. Mais il y avait une affiche antiflics là où il logeait, mais, mis en détention, il a reçu des courriers virulents contre l’Etat et la police…
Plusieurs prévenus ont fait des mois de détention. TouTEs ont fait l’objet de perquisitions et de contrôles judiciaires. Deux camarades sont encore en prison, dont une qui subit en plus la transphobie d’Etat. La seule femme inculpée dans ce procès est enfermée en préventive depuis des mois dans une prison pour hommes, à l’isolement et privée de ses traitements.
Selon que tu es flic ou Adama…
Deux mois avant les faits un policier avait frappé violement un lycéen de Bergson. Il a été condamné à 8 mois de prison avec sursis et a été maintenu dans ses fonctions. Dans les semaines et les mois qui ont suivi la manifestation du 18 mai, Adama Traoré a été tué par des gendarmes, Théo Luhaka a été violé par un policier et Angelo Garand a été abattu par des gendarmes. Dans tous ces cas les criminels sont en liberté.
Nous dénonçons une instruction menée à charge et des réquisitions politiques. Dans son réquisitoire le procureur a rendu un hommage appuyé à la police et a vanté l’ordre républicain. S’il était un commis de l’Etat espagnol, plutôt que celui de l’Etat français, nul doute qu’il aurait aussi rendu hommage aux flics « républicains » tabassant ceux et celles qui voulaient voter en Catalogne ce dimanche !
Nous combattons cette justice de classe et le développement d’un Etat policier qui vise les quartiers populaires, la jeunesse et touTEs ceux et celles qui contestent l’ordre établi et se battent pour la justice.
Nous exigeons la relaxe et la liberté pour touTEs les prévenuEs de ce procès.
Nous exigeons vérité et justice pour les familles victimes de violences policières.
Nous appelons à participer aux initiatives de solidarité avec les inculpéEs et contre l’Etat policier et à venir au tribunal le 11 octobre.
Denis Godard, le 4 octobre 2017
Article écrit pour l’Anticapitaliste